4 mars 2009

Mon entrevue

Que fais-je pendant ma semaine de relâche? Des entrevues apparemment. Demain, ce sera ma première. Une entrevue au téléphone. C'est une bonne nouvelle, mon dernier stage fut obtenu avec ce type d'entrevue. Cette année, on a le droit à 20 demandes plutôt que 15. Excellente nouvelle, ainsi nous seront 100 à appliquer sur un seul poste! Je ne veux blâmer personne, mais l'université de Sherbrooke demande aux employeurs de donner leurs entrevues soit durant la semaine de relâche, soit celle qui suit, pendant les cours. Certains s'en douteront, les gens qui travaillent aux ressources humaines vont préférer passer la semaine de relâche en congé, avec leur famille à faire du ski plutôt que de descendre à Sherbrooke avec des petits étudiants qui essaient de ne pas trop montrer qu'ils sont pouilleux ordinairement. Bref, nous avons droit à un système qui ne m'inspire pas trop confiance. Ce sont des solutions simples, mais pas nécessairement efficaces. Les entrevues sont quand même drôles. Ce qui me fait une telle sensation, c'est voyant la personne qui arrive toujours 10 minutes en retard avec l'apparence normalement reliée à cela accoutrée complètement différemment et surtout respectueuse des autres en arrivant à l'heure. Mais bon, tout le monde suit la petite ligne tracée, celle sans détour, sans ralentissement.

La plupart des gens ont peur cette année de ne pas avoir de stage. C'est plutôt compréhensible quand on voit que l'entreprise qui offre le plus de stages au Québec (Pratt&Whitney) décide de couper 1000 postes. Si 1000 travailleurs qualifiés n'ont plus de travail, comment est-ce qu'un petit stagiaire sous-qualifié pourrait espérer en avoir un? Je dirais qu'ils ont raison de penser ainsi, mais uniquement pour les entreprises qui oeuvrent uniquement dans la production. Je m'explique. En récession, un patron qui prend une décision rapidement va se dire: Si on ne vend pas, on coupe des postes partout. On garde un profil bas et on essaie de survivre sans trop s'endetter. C'est sans doute une excellente idée si on n'avait pas prévu une certaine marge en cas de problèmes. S'il continuait en production normale, les fonds viendraient à manquer pour acheter les équipements, les matériaux ou même le personnel qualifié.

Sans trop aller dans les détails (surtout que je ne les connais pas, je l'avoue humblement), je peux croire que l'entreprise où j'ai effectué mon stage l'été dernier a fait cette erreur. Le résultat est plutôt simple, les fournisseurs refusaient d'entrer en communication avec eux après quelques mois sans être payés. L'entreprise se retrouve donc isolée, sans aide. C'est un peu une épreuve de survie où l'on tente de trouver toutes les ressources possibles pour nous aider. Je suis prêt à parier qu'ils ont été jusqu'à chercher de nouveaux fournisseurs sachant pertinnemment qu'ils ne pourraient pas les payer.

Quelles sont les autres options alors? On coupe dans la production? C'est une bonne idée. Si on ne coupe pas la production, physiquement, l'entrepôt sera rempli et nous ne sauront plus où mettre nos produits. Seulement, si on coupe trop, l'entrepôt sera vide. Ce n'est pas vraiment un dur choix à faire. On essaie d'ajuster pour garder un bon niveau dans l'entrepôt et de garder un maximum de personnel qualifié.

Et si on coupait dans la l'entretien? Ça peut sembler une bonne idée si on regarde ça rapidement, si on passe 3 mois sans entretien, on peut croire que ça marchera quand même. Certains vont passer 6 mois sans changer le filtre à huile sur leur voiture et elle marche quand même. Bon, en industrie, les machines sont souvent pousées au maximum, contrairement à un moteur de voiture. De plus, elles fonctionnent 24h/24 souvent. un patron qui prendrait une décision du genre ne connait pas trop la mécanique et pensera qu'avec un peu de chance, les dégâts seront minimes. En admettant qu'il ait beaucoup de chance et qu'il n'y a pas de bris pendant la récession, lorsqu'il recommencera sa production normale, il risque d'avoir bien des surprises et bien du retard. De plus, en coupant dans l'entretien, on coupe généralement en santé et sécurité. Tout le monde peut se douter des coûts reliés, mais aussi des conséquences humaines reliées aux accidents de travail.

Finalement, on peut couper dans la partie qui me touche. La recherche et développement, la conception, etc. Je dis que ça me touche, car bien que l'ingénieur peut toucher à tous les domaines, c'est celui-ci que je désire faire lors de mon prochain stage. Premièrement, un stagiare ne coûte presque rien. Son salaire est en grande partie remboursé par le gouvernement. Deuxièmement, couper cette partie est la mort assurée d'une entreprise. Si l'on croit qu'en tenant un profil bas à ne faire que de la production on peut s'en sortir, on se met le doigt dans l'oeil. Cette stratégie permet seulement de survivre durant la récession.
Petite parenthèse. Le mot « survivre » me fait rire. En anglais, tout va bien, mais en français on dirait qu'il signifie « vivre au-dessus de ». Fin de la parenthèse.
C'est en sortant de la récession qu'on voit l'avantage de continuer les projets. Ceux-ci auront été pensés, mis sur papier et n'attendront qu'une petite lueur pour sortir. Si la récession dure longtemps, il se peut que plusieurs projets aient été pensés. Ainsi, à la sortie du noir, quand toutes les entreprises seront confuses à savoir par quoi recommencer, d'autres commenceront déjà à mettre leurs nouveaux produits sur le marché. Ils auront un plan pour économiser en électricité ou un système améliorant la production. Ces entreprises profiteront de la confusion des autres pour les dévorer, un peu comme le fait un policier avec une « flashbang » qui aveugle et abasourdi une personne. La différence étant que le policier ne mange pas la personne... Imaginons plutôt Pac-Man qui dévore ses ennemis qui sont confus de voir quelqu'un manger des fruits. Enfin, vous comprendrez j'en suis sûr!


Bien sûr, je parle, je parle, mais je n,ai pas vraiment de pouvoirs là-dessus. Comme tout le monde, j'essaie simplement d'avoir un emploi sans pouvoir prendre vraiment de décision. Si toutefois je peux être dans le domaine qui m'intéresse, tant mieux. Je ne demande qu'à aider. Pour l'instant, je peux me ramasser à Sept-Îles, Montréal, Shawinigan, ou, avec beaucoup de chance, à 5 km de chez moi. Les résultats vendredi prochain si tout va bien.


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