17 mars 2009

Mes mathématiques

Le titre est sans doute peu attirant, j'en conviens, mais ne vous laissez pas abattre par 2 petits mots. Aujourd'hui, je parle des mathématiques et des personnes qui doivent faire leur vie entourés de chiffres. C'est un gros défi que de rendre le tout intéressant, mais j'espère y arriver.

Lorsque j'étais jeune, je me passionnais pour les maths. Il était possible de trouver une solution exacte et unique à un problème. La vie est simple lorsqu'elle est vue de cet oeil. Chaque problème peut être résolu, et ce, d'une façon idéale. Tout ce qu'on peut imaginer n'a plus de sens lorsque la logique prend le dessus. La preuve est que, contrairement à d'autres disciplines, nous n'avons pas eu à réitérer les hypothèses au cours des siècles. Le principe de base reste le même et peut être appliqué partout. Si on se rend compte que les lois de Newton ne sont plus valides à la vitesse de la lumière, la multiplication qui servait à Newton est toujours bonne et elle peut être placée ailleurs. Je suis un peu à l'image de cette discipline. Je n'aime pas me justifier, discuter ou faire des compromis. Ma solution ou mon argument est basé sur des faits et l'ensemble fonctionne. L'égalité trouvée, je me dis que mon idée est donc la seule valable. À ce niveau, je n'ai pas beaucoup changé. Malgré mes belles paroles et mes intentions, je reste avec ce paradigme qu'une situation ne peut avoir deux solutions équivalentes.

Au fil du temps, les mathématiques ont évolué. On découvre les nombres aléatoires qui ne peuvent être prédits. Il n'y a pas de solution à ce niveau. On doit s'ajuster au fur et à mesure. On les utilise dans la vie de tous les jours. Ils représentent bien la réalité. On veut simuler une voiture qui roule à Montréal sur un programme? Il suffit de mettre des nombres entre 10 et -20 cm pour simuler les nombreux nids-de-poule. On veut tester si notre produit est résistant aux enfants? On imagine une série de cas et on les fait succéder aléatoirement. Ces nombres sont aussi représentatifs de la femme. Si l'homme est généralement prévisible, linéaire, voire ennuyeux à la limite, la femme représente généralement une quantité énorme d'idées et de volonté prêtes à jaillir. On n'arrive pas à comprendre ces nombres, mais on peut admirer tout ce qu'ils arrivent à faire.

Une autre grande étape en mathématique est l'arrivée des dérivées et intégrales (pour ceux qui connaissent). Avec cela, on est finalement arrivé aux dérivées partielles (qui dépendent de plusieurs variables). En génie et ailleurs, elles sont fort utiles. Elles permettent par exemple de modéliser un vélo et de voir sa réaction au niveau de chaque composante si on le soumet à une descente de montagne. On peut voir en chaque point l'impact, la force exercée et ainsi prévoir les bris qui surviendront en premier. On utilise aussi les dérivées partielles en aéronautique. On peut ainsi diminuer au maximum le poids de l'avion pour qu'il consomme moins de carburant tout en gardant une marge de sécurité. Malgré leurs nombreux atouts, ces dérivées ont un problème. On ne peut les résoudre. Il n'y a pas de solution exacte. Difficile pour moi de concevoir que la vie ne peut être réduite à une simple équation. On utilise des ordinateurs pour approximer au maximum la réponse, mais on ne connaît jamais la vérité. Un exemple encore pire, on a découvert que si on voulait connaître la position exacte d'une particule dans l'espace, on ne peut y arriver. Il y a un rapport entre cette position et le moment où elle s'y trouve. Donc, si m'est impossible de savoir à quel moment exact une balle ira frapper un point précis tracé sur un mur comme il m'est impossible de savoir quel point touchera ma balle 5 secondes après mon lancer (c'est un exemple macroscopique, la relation est beaucoup plus précise en réalité).

L'homme essaie de classer, de modéliser, de prévoir les choses. On réalise que c'est un défi au-delà de nos capacités actuelles, peut-être même au-dessus des lois de la nature. On y arrive avec une marge d'erreur, parfois importante. On simplifie les choses pour mieux les comprendre. Certaines choses nous échappent encore. L'esprit humain est bien au-delà de notre compréhension. Aucun modèle ne peut représenter un individu. Il agit comme un nombre aléatoire. En groupe, on peut faire une moyenne et approximer. J'ai toujours ce désir de pouvoir expliquer les choses d'une façon absolue, indéniable. Je n'y arrive pas. Plus j'en apprends, plus je vois que nous ne pouvons que réagir aux situations. Cet aspect, je le contrôle mal. J'aime prévoir. Lorsque les choses vont mal, il faut un délai, il y a plusieurs éléments à analyser avant de poser une action.

Je réalise aussi que je ne trouve pas la solution. Qu'il y a de nombreux éléments que je dois mettre de côté pour m'imaginer avoir raison. Ma logique n'est bonne que si on ne regarde que les éléments qu'elle inclus. Contrairement aux mathématiques, je n'évolue pas beaucoup. J'en suis resté à l'addition. Pour ce qui est d'avoir une vision globale, on repassera. Peut-être devrais-je accepter que je n'ai pas LA solution. Écouter les autres, intégrer leur réflexion à la mienne et trouver une meilleure approximation de la réponse. C'est coûteux. Cette approche fait en sorte qu'il faut plusieurs jours à un ordinateur pour analyser la structure d'un avion. Parfois la mémoire est insuffisante et on est forcé d'éliminer des éléments qui pourraient être importants. Compromis, compromis...

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