13 mars 2009

Ma schizophrénie 2

Vous aurez remarqué que le titre n'est pas approprié à la réalité. Je ne suis pas schizophrène, je n'ai jamais eu de diagnostic et je suis loin des symptômes qu'on peut remarquer chez les gens schizophrènes. En fait, il ne s'agit que d'un titre pour essayer de me placer dans une case. Car c'est important dans la vie d'avoir des mots pour décrire les choses. On ignorait qu'est-ce qui poussait les objets vers le sol auparavant. Un bon jour, on a nommé ça « la gravité ». Le problème était à 50% réglé puisque les gens pensaient maintenant savoir davantage de quoi il s'agissait. Descartes avait critiqué Newton à cette époque pour cette théorie qui lui semblait trop simpliste, trop vide, mais on connaît aujourd'hui quelle théorie a eu le plus grand succès.


Pour en revenir à mon histoire de visions et de panique générale, je tiens préciser que ce n'est pas la première fois où je m'emporte. Je ne donnerai pas de nom officiel à ce que c'est, car je l'ignore. Je ne sais même pas si cela peut être considéré comme un trouble. Seulement, je suis quelqu'un qui ne peut être laissé seul à réfléchir trop longtemps. J'ai déjà essayé. Lorsque j'étais dans l'armée, mes soirées étaient généralement vides. N'étant pas un amateur de bars et de danseuses comme mes chers collègues, je restais à la base. Il n'y avait pas grand-chose pour occuper mon esprit. Pas de télé, pas d'ordinateur, pas de gens à qui j'avais envie de parler. Au début, j'ai tenté d'appeler mes vieux amis. Étant plus à l'aise avec la gent féminine, je peux dire que les seules personnes que j'appelais étaient des filles. Bien entendu, quand un gars vous appelle 2,3 fois par semaine et que vous avez un chum, ça cause des problèmes. Bien que je n'étais pas amoureux, j'ai perdu une amitié à cause de mon envie de ne pas être seul à penser. À ce moment-là, j'ai décidé qu'il vaudrait peut-être mieux pour moi de diminuer mes appels.

Quelles autres options avais-je pour passer le temps? J'ai commencé à lire pour le plaisir. J'ai lu quelques bons livres à cette époque. La majorité de mon temps, je la passais au gym. L'armée, vous vous en douterez, à un excellent gymnase. De plus, il est gratuit et situé sur la base. J'y passais donc 2h par soir, 5 à 6 soirs par semaine. Malheureusement, ce n'était pas suffisant. Les fins de semaine étaient très longues et j'allais souvent les passer à vagabonder à Québec sans rien avoir à faire de particulier. À chaque fois où je rentrais, c'était le même vide, la même peine. Je n'arrivai pas à rester là à ne rien faire. Mon esprit devenait confus. Je m'imaginais les mille et une raisons qui avaient poussé mon amie à refuser de me parler, des raisons qui avaient poussé mon frère à lâcher l'école ou de ma raison d'être toujours là, dans cette chambre vide.

Ceux qui me connaissent ont peut-être remarqué que j'ai certains tics. Par exemple, je passe la majorité de mes cours à regarder mes crayons et à les tourner dans ma main. J'ai aussi parfois la jambe qui se met à branler sans raison si je suis nerveux et que je n'arrive pas à me changer les idées. De plus en plus, il est difficile pour moi de me concentrer sur une seule chose. Je préfère en avoir 5 et les faire toutes en même temps ou alors très successivement. Ce blogue est un bel exemple, j'arrive peu souvent à tenir le temps d'écrire un message. Si mon message ne sort pas de façon expéditive, il me faudra une deuxième tentative pour le compléter. Entre temps, je fais d'autres choses. Lorsque j'écris, j'aime le faire dans le silence, comme beaucoup d'ailleurs. Comme beaucoup aussi, je ne supporte pas un trop long silence. Est-ce parce que je m'ennuie de la voix humaine? Non, c'est plutôt que je suis incapable de supporter ma voix intérieure. Cette petite voix qui me présente chaque petit détail de ma journée comme un risque de conflit ou de misère. Celle qui regarde derrière moi et qui, en voyant tous ces gens, me dit qu'un d'eux doit certainement me haïr. Parfois, c'est plus fort que moi, je n'ai plus la capacité de la contrôler. J'imagine les pires scénarios; j'imagine qu'on me veut du mal, je me dis que je ne mérite pas d'être où je suis, je pense à un avenir plus que sombre.

Hier, on pouvait lire dans La Presse une chronique de Marc Cassivi qui s'interrogeait sur la raison poussant les Québécois(es) à regarder La Poule aux Oeufs d'Or et Les Gags plutôt que des émissions comme Enquête, Une heure sur Terre, Bazzo.tv, ou même des téléséries de qualité. Une des raisons simples est que les gens aiment se vider l'esprit. Embarquons dans une foule et faisons comme on nous dit de le faire. Autrefois, on appelait ça la religion. Aujourd'hui, c'est la télévision. La religion a heureusement évolué en quelques milliers d'années. On laisse les gens réfléchir dans certains cas. Je n'aime pas embarquer dans cet attroupement de fervents croyants qui brandissent leurs pancartes avec un oeuf dessus. Par contre, il est vrai que je me vide l'esprit. J'en ai besoin. Je vois des problèmes sans cesse. Je m'y intéresse. J'essaie de connaître la situation dans le monde, j'essaie de découvrir ce qui se passe autour de moi qui pourrais avoir un impact sur les gens que je connais ou sur moi, je m'intéresse aux nouvelles solutions et aux nouveaux problèmes, bref, j'essaie de rester informé. Malheureusement, ce savoir, cette banque de données, si je dois y faire une recherche, je tombe sur plein d'autres éléments. En cherchant un problème autour de moi, j'en vois des centaines. Tout cela prend une ampleur incroyable et vient me détruire.

L'autre soir, ce qui m'a permis de stopper ma folie, c'était d'écrire. N'importe quoi, juste pour me changer les idées. Il fallait que je tire un trait sur cette histoire et que je m'en débarrasse. Toutefois, comme je l'ai déjà dit, il est important de se souvenir de nos erreurs. En écrivant ce qui s'est passé ce soir-là, je pourrai peut-être le relire dans 2 ans et me dire à quel point je me suis amélioré ou, qui sait, si je suis au même niveau.

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