26 févr. 2009

Ma ligne d'avance

Plusieurs pensent que je suis intelligent. J'ai réalisé aujourd'hui qu'en fait, il ne s'agit pas d'intelligence, mais de confiance en soi. Je manque peut-être de confiance dans plusieurs domaines, mais lorsqu'il est question d'écrire ou d'analyser, je n'hésite pas. Je ne fais pas toutes mes démarches, demandez à mes anciens professeurs. Je saute des étapes, car je prévois mon calcul. En français, je pense à la phrase qui suivra et non celle que je tape. On me reproche de ne pas donner d'explications, de ne pas défendre suffisamment mon point de vue. C'est vrai, je sais que j'ai raison ou du moins que je m'approche suffisamment de la vérité pour satisfaire aux besoins de la situation. Ai-je besoin d'aller plus loin? Malheureusement, si je dois me justifier, plutôt que de m'obstiner à faire valoir mon point de vue, je vais donner raison à l'autre personne. C'est très dangereux. Que j'aie raison ou tort, il y a des risques énormes quant à ma capacité à faire valoir mon opinion. De plus, si j'avais raison, nous aurons marché dans une mauvaise voie et subirions les conséquences de cet acte. D'un autre côté, si j'ai tort, je n'aurai pas réussi à faire ce débat qui me permettrait normalement de changer mes idées préconçues. Voilà pourquoi ne pas défendre mes idées me cause souvent problème.

On me parle souvent des avantages des discussions, elles permettent un meilleur enrichissement des idées, de faire des ententes et surtout de respecter tout le monde. Dans un monde idéal, ce serait vrai. Il serait bon de discuter avec quelqu'un qui est prêt à s'ouvrir et que nous en fassions tout autant. Pourtant, j'ai l'impression que 95% de conversations sont inutiles. Aujourd'hui, par exemple, on me demande si je connais les dentistes à Sherbrooke, si je peux en référer un. Bon, j'ai vu 4 dentistes différents dans cette ville et ils ont chacun leur méthode, je l'expose et tente d'expliquer ce qui, selon moi, conviendrait le mieux à mon auditeur. Finalement, après 5 minutes d'exemples et d'interprétations, il me dit que la prochaine fois qu'il choisira, il viendra me demander conseil. Son rendez-vous était cet après-midi. Pourquoi me demander alors si j'en connaissais d'autres? Il avait déjà son rendez-vous!

La plupart des conversations du genre sont très très superficielles. Combine de fois ai-je parlé pendant 2h à une fille dans l'autobus entre Montréal et Québec pour ne plus jamais la revoir? Combien de temps est perdu chaque jour à cause de gens qui disent qu'il va pleuvoir ou que, ah, c'est une belle journée? Un exemple frappant est l'école. Si un professeur répète 10 fois le même principe, c'est pour le 10% de la classe qui n'a pas compris du premier coup. Remarquez qu'à l'université, j'ai l'impression que le problème vient surtout du fait que les professeurs ne savent pas comment faire une phrase qui tient et vont se réfugier derrière les mathématiques. Résultat, c'est toute la classe qui n'a pas compris son point de vue. Pourquoi avons-nous encore toutes ces conversations? Pourquoi demandons-nous aux gens « Comment vas-tu? » si on sait pertinemment qu'ils vont nous répondre simplement qu'ils vont bien, car ils savent que les autres ne veulent pas les aider vraiment? Ça n'est qu'une question de courtoisie.

Je me rappelle d'une ancienne collègue, près de la retraite. Si on lui demandait comment elle allait, elle nous répondait la vérité. Elle nous expliquait ses conflits et manifestait ses joies. J'appréciais cela, sans doute à cause de la rareté de ce geste, mais aussi parce que je voyais qu'elle avait cette envie de répondre correctement à une question et non superficiellement comme le font les autres. Les gens trouvaient ça agaçant. Ils me disaient: « Ben voyons donc, je lui ai juste demandé comment elle allait et elle m'a parlé de sa vie pendant 2 minutes. » Deux minutes. C'est trop demandé pour une femme qui a travaillé pendant 30 ans et qui s'occupe seule de sa mère depuis toujours?

Le plus frustrant selon moi, c'est lorsqu'une personne nous demande comment nous allons et que, superficiellement bien entendu, nous lui répondons que tout va bien, mais qu'aussi tôt qu'on essaie de relancer la question, cette personne est déjà partie. Pourquoi poser la question si c'est pour écouter à moitié? Pour se donner bonne conscience? Bravo. Voilà un geste qui montre un manque de respect, rien de plus. Si vous voulez vous sentir impliqué, donnez 5$ à un organisme de charité, c'est déductible et vous fournirez autant d'effort.

Pour en revenir à mon idée des débats, lorsqu'une chose me tient vraiment à coeur, deux solutions s'offrent alors à moi, débattre ou être borné. Je vais tenter de débattre un moment. Si la réaction est bonne et enrichissante, je continuerai. Autrement, je crois qu'après 20 ans nous sommes assez vieux pour nous permettre d'être bornés. Ça pourrait être amusant de voir si les gens sont aussi ouverts aux débats qu'ils le prétendent.


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24 févr. 2009

Ma mi-session

On m'a toujours dit au secondaire : « Tu vas voir, au cégep, ce sera beaucoup plus difficile, tu devras travailler des soirées entières! »

Au cégep, même histoire : « À l'université, tu peux passer une semaine complète sur un texte, en dormant 4h seulement! »

C'est drôle, mais je me suis toujours dit que les personnes qui devaient continuellement étudier étaient soit des personnes qui n'avaient pas choisi le domaine le plus approprié, soit des accros des notes. J'ai de bons résultats. Encore à l'université, je me classe très souvent dans le meilleur quart de la classe. Pourtant, je ne fournis pas beaucoup plus d'effort. qu'auparavant Si je travaille sur un projet, c'est par plaisir, c'est que je crois que ce serait bon pour moi de me développer dans ce domaine. Heureusement pour moi, plusieurs matières m'intéressent. Les autres, je me débrouille sans trop faire d'effort. Aujourd'hui, j'avais un examen en résistance des matériaux (par exemple, la grosseur de poutre nécessaire pour lever une charge de X kilos). C'est drôle, depuis 1 semaine j'entends les gens critiquer l'enfer de cet examen. Aujourd'hui, je suis persuadé que plus de la moitié de la classe a dormi moins de 6h.

Je remarque une énorme incertitude des gens lorsqu'il est question de mathématiques. Si je dois étudier une poutre, je vais regarder son comportement général, prévoir ses réactions, chercher les relations qui peuvent entrer en compte et finalement ajouter des chiffres et des variables. Si j'étudie avec une autre personne, elle me posera plutôt des questions du genre comment passer de l'équation A à l'équation B. Ils vont regarder tous les calculs, un à un et tenter de trouver les fautes, essayer de corriger leurs erreurs.

Pour ceux qui ne veulent rien savoir des maths, sachez qu'en français, je vois la même chose. Je vois des gens qui vont écrire un texte au complet et essayant de limiter les fautes. Ils vont passer plus de temps à le réviser qu'à l'écrire. Les choses changent par contre. Aujourd'hui, il existe des logiciels de correction comme Antidote. Les gens vont s'abreuver de toutes les suggestions de correction que le logiciel offre, cela peut permettre d'avoir plus de temps à la rédaction pourrait-on croire. J'ai l'impression que ces logiciels vont surtout faire en sorte que les gens vont douter d'eux. Oui, ça corrige des erreurs, mais sans nécessairement comprendre votre texte comme un lecteur le ferait. Il ne vous connaît pas, il ne comprend pas l'histoire de votre petit chien. Et surtout, ce n'est pas lui qui écrira une bonne histoire, il ne fera que la corriger.

Les mathématiques causent le même problème. Vous ne pouvez pas vérifier continuellement les démarches mathématiques dans un examen ou même dans vos études. Si vous faites des fautes, ce n'est pas ce qui dérange le plus. Le plus dérangeant est d'avoir une démarche mathématique parfaite, mais partir de mauvaises bases. Si je pousse vers le bas, la poutre ira vers le bas, peu importe ce que vos démarches mathématiques diront. Quand vous écrirez l'histoire de votre petit chien, essayez de penser à ce qui est triste ou ce qui est joyeux. C'est ce qui le plus important, c'est la seule chose qui nous rende humain encore. On peut élaborer des logiciels d'analyse mathématique ou de français d'une qualité à faire rougir une grande partie de la population, mais c'est le message de la personne qui vous touchera. Pour ceux qui aiment les analogies, pensez aussi à un premier rendez-vous. Qu'est-ce qui est le mieux? S'assurer que chaque élément soit bien coordonné ou simplement prendre plaisir à cette rencontre et laisser l'intuition faire son travail? On a parfois tellement peur de l'échec qu'on oublie de faire ce qui nous fait VRAIMENT plaisir.

J'ai cette chance, j'arrive à avoir très peu d'erreurs en français et en mathématiques du premier coup. C'est instinctif. Je regarde un texte et j'y vois les erreurs. Dans mes calculs, c'est un peu différent. Je n'en fais toujours pas à l'écrit, mais je n'y arrive pas à déchiffrer les calculs d'une autre personne rapidement. Résultat : Lorsque je vois un corrigé, je regarde la première ligne, avec l'équation de base. Le reste, ce n'est rien d'autre que du développement. Donnez-moi une histoire et je me chargerai de la mettre en mots pour en faire un livre. À ce niveau, je n'ai pas peur.

Du côté humain par contre, je suis loin de l'exemple que je donne. Je suis prêt à sacrifier mon point de vue, ma joie, mon énergie uniquement par crainte de déplaire à l'autre personne. C'est ce que j'ai réalisé aujourd'hui. Je ne le vois pas comme un sacrifice, je me dit que c'est normal de vouloir plaire aux autres, surtout ceux qu'on aime. Le seul problème avec cette habitude c'est qu'elle me tue doucement. Quand je n'ai plus personne à qui faire plaisir, je me retrouve sans ma drogue. J'ignore ce que je peux faire pour me rendre heureux. Ma seule méthode était de rendre une autre personne heureuse et non pas de me faire plaisir à moi. Je cherche, je cherche. Qu'est-ce qui me ferait plaisir? Rien. Rien depuis des années ne me vient en tête. Tout me semble passager, superficiel. Bien sûr, il y a le vélo, les découvertes et marcher. Après réflexion, je réalise que ce n'est qu'en prenant confiance en moi que j'arrive à avoir du plaisir. Bon, voici ma première source de plaisir, ma fierté. Il va falloir trouver les autres. Après tout, si je viens à me pavaner comme un coq, ça n'est peut-être pas la meilleure approche sociale qui soit.

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22 févr. 2009

Mon lac des nations

J'ai récemment dit que l'hiver semblait tirer à sa fin. Je me savais déjà trop optimiste, la petite tempête d'aujourd'hui en a été la preuve. Toutefois, j'ai toujours raison pour ce qui est des températures. Les paris sont tenus!

Quoi de mieux qu'une averse de neige pour marcher un petit peu dehors. J'adore la neige pour plusieurs raisons. Je ne parle pas ici de sports d'hiver où les gens vont faire un minimum d'effort et dépenser un maximum en équipement. Ils ne sont pas tous ainsi, c'est vrai, mais il reste quand même que si on regarde les olympiques d'hiver en comparaison avec ceux d'été, on y voit nettement moins de pays pauvres. Remarquez que les pays pauvres sont dans des climats plus chauds aussi, mais s'ils étaient riches, ils pourraient se pratiquer dans les Alpes par exemple. Bref, si j'aime la neige c'est parce que c'est un excellent moment pour marcher. Je peux, comme un chasseur, suivre les traces de pas d'une personne dans la neige et m'imaginer ce qu'elle a fait. Par exemple, ce matin, j'ai pu voir qu'une personne est allée à l'arrêt d'autobus et voyant qu'il n'y en aurait pas d'ici les 3 prochaines heures, elle est retournée chez elle. Une autre personne, elle, est allée déjeuner au restaurant juste à côté de chez elle, mais n'était toujours pas revenue. Bon, je l'avoue, je suis un voyeur de traces de pas, que voulez-vous!

Ce que j'aime le plus de la neige, c'est que vous êtes souvent seul à l'affronter. Les autres personnes préfèrent rester à la maison et profiter de cette journée au chaud (surtout qu'aujourd'hui, la neige était très mouillée, donc peu plaisant en famille). La ville est déserte, quelques autos par-ci par-là, mais pas plus. Seules des empreintes et ces étranges boîtes métalliques peuvent être vues, aucune âme. C'est pour cette raison que normalement je ne critique pas les chemins enneigés, les routes glacées. Ils forcent les sages à rester chez eux pour profiter du temps qu'ils peuvent passer ensemble et permettent aux plus téméraires d'avoir un petit défi, celui de marcher sur un terrain très peu avantageux. Il m'aura fallu malheureusement peu de temps pour réaliser le ridicule de cette idée. On trouve toujours plus fou que soit et comme de fait, en revenant à 23h ce soir, il y avait cet homme qui, lui, avait décidé de braver la neige en vélo. Je lui ai envoyé un salut en hommage à sa détermination (ou sa folie me diront certains). Par contre, en remontant ses traces (une autre preuve de mon voyeurisme de traces), j'ai remarqué qu'il titubait souvent. Les conditions routières ou son état de sobriété? Je ne le saurai sans doute jamais.

J'ai aussi récemment parlé de ma chère ville qui décidait de donner un bon handicap aux piétons et au transport en commun en construisant une nouvelle banlieue (principalement commerciale pour l'instant) à l'autre bout de la ville, dans ce qui était autrefois une forêt. Aujourd'hui j'ai vu à quel point les piétons peuvent être importants à Sherbrooke. Je l'avoue, quand les gens critiquent l'entretien de la ville, je me dis qu'ils font généralement avec ce qu'ils ont et qu'ils essaient de ne pas trop gruger le budget. Résultat: en tempête de neige, on n'enlève pas la neige des trottoirs. C'est normal, on est dimanche et personne ne sort pour marcher. J'ai toutefois été surpris aujourd'hui.

Il neige depuis minimum 5h du matin et à minuit, il neige encore. J'ai passé par le centre-ville, devant le cinéma, quelques restaurants et le dépôt (terminus d'autobus de ville et interurbains). J'aurais pensé que cet endroit était dégagé, mais non. Qu'à cela ne tienne, ils avaient d'autres priorités, c'est normal avec le nombre de pentes dans cette ville, les véhicules doivent mettre du sable et du sel presque partout. J'étais quand même surpris lorsque j'ai réalisé (avec une petite analyse de la disposition, de la texture et de l'épaisseur de la neige) qu'aucun véhicule n'avait passé sur les trottoirs de la rue principale de Sherbrooke de la journée. En fait, ils servaient plutôt de zone pour accueilir la neige évacuée des rues.

Que puis-je faire face à cela? Nos rues sont nos artères. Ce sont elles qui amènent toutes les ressources nécessaires au bon fonctionnement de notre société. En fait, le système routier est très similaire au système sanguin, c'est une voie de communication et d'échange. Au Québec, on a environ 185 000 km de routes pour une superficie de 1 670 000 km². En supposant que le réseau est composé uniquement de route de 8.6 m de largueur (route de campagne 1 voie pour chaque sens), les routes représentent 0.095% de la superficie totale du Québec. Les vaisseaux sanguins, de leur côté, représentent environ 160 000 km (le diamètre est très variant par contre). Ce qui change le plus, c'est au niveau du ratio (je l'exprimerai ici en masse/masse). Un homme compte environ 5 à 6 litres de sang (1 litre de sang =1 kg) pour une moyenne d'environ 80 kg. Donc, environ 7% de la masse totale.

Désolé, je me suis laissé emporté par les mathématiques, mais c'est quand même intéressant si vous vous intéressez soit au corps humain, soit au réseau routier. Bref, les rues sont dégagées, car on les considère comme essentielles. Les trottoirs non. Jusque-là, ça va, je n'ai pas critiqué mon maire, ma province ou le ciel. C'est un peu plus loin qu'il y a eu un blocage. À Sherbrooke, nous avons un parc central (comme le parc Maisonneuve de Montréal, mais appelé le Lac des Nations). Il s'agit d'un grand lac entouré d'une promenade. En marchant devant, qu'ai-je réalisé? La promenade était complètement dégagée. Les gens pouvaient profiter de leur dimanche pour aller marcher au parc en toute quiétude alors que le centre-ville était principalement accessible aux véhicules, plutôt cocasse. Je marche sur environ 1.5 km. dans la neige, à avoir les pieds dans toutes les directions selon la position de la neige poussée sur le trottoir et je me rends compte que le seul endroit accessible aux piétons est la promenade autour du lac. Mes jambes et mon esprit en ont eu assez et j'ai marché dans la rue le reste du temps. Je n'aurai qu'à faire semblant d'être une voiture et on ne se doutera de rien!

Dans Retour vers le futur 3, le "Doc" décide de parler du futur aux cowboys autour de lui. Il dit:
Doc: "Et dans le futur, nous n'avons pas besoin de chevaux. Nous avons des chariots motorisés appelés automobiles."
Old-Timer #3: "Si tous les gens ont une de ces autos quelque chose, est-ce que certains marchent ou courent encore?"
Doc: "Bien sûr que nous courons, mais c'est pour nous divertir, pour le plaisir."
Old-Timer #3: "Courir pour le plaisir? Ils ont une sacrée drôle de façon de rigoler?"
Notez qu'il s'agit ici d'une traduction libre en fonction de mes souvenirs. L'extrait original est ici.

C'est ce que j'ai ressenti aujourd'hui. La priorité n'est pas au déplacement à pied, elle est au déplacement à voiture. Le seul déplacement autorisé quand vous êtes à pied, c'est pour votre loisir. Tant pis pour ceux qui voulaient visiter le centre-ville, ils devront marcher dans la neige pour encourager les petits commerces locaux.


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20 févr. 2009

Mon coup de gueule

J'ai dit que le principal problème avec la terre, c'était la famille. Bien sûr, il n'y a pas d'animaux, tous les bâtiments semblent être prêts à lâcher et le terrain est en pleine dégradation, autant pour les chemins que pour la terre défrichable, mais le principal problème est ce fameux oncle. Il a quitté la région très tôt pour entamer de nombreux emplois (GRC, propriétaire d'un restaurant, pilote d'avion, etc.). Depuis que mon grand-père est malade, il a décidé d'aller vivre avec lui et ma grand-mère. Une âme charitable me direz-vous? Certainement pas. Cet homme (de 50 ans je le rappelle) est venu avec ses 2 chiens de 40 kg. Le seul problème, c'est qu'il ne s'en occupe pas. Ma grand-mère, en plus de devoir s'occuper de son mari qui n'est plus autonome, doit sortir les chiens, les nourrir et nettoyer leurs dégâts.

2 chiens, c'est peu de chose, ça ne demande pas beaucoup de soins.
Oui, quand nous sommes jeunes et que nous n'avons à nous occuper que de nous, c'est vrai. Mais attendez la suite. Cet oncle ne peut pas s'occuper de lui-même non plus. Se levant vers 10h chaque matin, il demande à sa mère de lui préparer le déjeuner, le diner et le souper. Pour la vaisselle, je vous laisse deviner qui s'en charge seule. Est-ce qu'il s'occupe de mon grand-père? Est-ce qu'il l'aide à se laver, à manger, à quoi que ce soit? Non, non et non. Au sens propre de la loi, il ne pourrait même pas s'approcher du terme d'«aidant naturel».


Mais c'est inacceptable, pour ne le met-elle pas dehors?
Ma grand-mère n'a plus l'énergie pour se battre quotidiennement avec son fils. De toute façon, elle n'en a pas vraiment envie. Selon la rumeur, elle lui aurait déjà demandé et il lui aurait dit que dans ce cas, il ne lui parlerait plus. C'est plutôt difficile pour une mère d'avoir un fils qui refuse de lui parler, donc elle continue. Le problème c'est qu'en continuant de l'aider, elle se fatigue de plus en plus. Mes autres oncles et tantes voient bien la situation et malgré leurs conseils, elle continue à nourrir ce virus. Résultat: En voulant en garder un, elle perd tranquillement les autres qui n'ont plus envie d'aller d'en une maison où se trouve la personne la plus détestée de la famille. Si vous croyez que j'exagère, sachez qu'il n'est venu à aucun Noël depuis plus de 10 ans.



Pourquoi l'haït-on à ce point depuis si longtemps?
Disons que c'est ainsi depuis leur jeunesse. Cet oncle ne travaillait pas sur la terre (il est allergique au foin, mais on sait bien qu'il y a plus à faire que les foins sur une ferme). Il ne travaillait pas trop non plus au magasin de la famille (oui, mon grand-père en faisait beaucoup, je vous l'avais dit, il avait aussi une petite station-service/épicerie). Plus tard, il est parti. Il a d'abord été dans la GRC. Son véritable motif je ne le connais pas, mais je sais que son frère (mon autre oncle) venait de rejoindre les rangs de la Sureté du Québec. C'est toujours plus prestigieux un uniforme rouge et un cheval qu'une petite blouse verte et une Chevrolet. Bref, il n'a pas vraiment aidé la famille à l'époque. Plus tard, lorsqu'il voulait devenir pilote, il a demandé plusieurs milliers de dollars à ma grand-mère pour sa licence, puis pour son avion (à titre informatif, un Cessna neuf coûte plus de 100 000$). J'ignore si elle l'a aidé. Le plus frustrant est la situation actuelle malgré tout. Comme j'ai dit, voilà 2 ans qu'il vit chez ma grand-mère. Il ne travaille pas. Il continue à piloter son avion pour faire un tour jusqu'à La Romaine de temps en temps; il va à Québec, s'amuse un peu. Je ne connais pas ses détails financiers, mais je suis persuadé que ses "livraisons" aux Amérindiens de La Romaine ne sont pas imposables. Lorsqu'il est chez ma grand-mère, il va sur Ebay, non pas comme acheteur, mais comme vendeur. Il vend peu à peu tout ce qui se trouve sur la terre, les tracteurs, les chariots à foin, la machinerie, même le bois de la grange qu'il a fait démolir récemment.






Voilà donc deux ans que cette terre se meurt et s'en va progressivement à l'abandon. Ma famille n'est pas la seule dans cette situation. Plusieurs fermes disparaissent. On parle de 800 par année au Québec seulement, soit 2 par jour. Les raisons sont variées. Ma famille vit le problème un problème d'héritage et de générations, mais d'autres vivent des problèmes financiers, de l'isolement, du surmenage et la pression de productivité.

C'est un sujet peu connu, je partage celui de ma famille, car je trouve triste de voir toute cette terre s'en aller progressivement vers un petit quartier résidentiel de gens qui veulent se rapprocher de la nature lorsqu'ils reviennent chez eux le soir. Ils font 30 minutes de route pour aller travailler matin et soir, ils démolissent ce qui autrefois était un milieu fertile et pire encore, ils vont saccager le terrain d'autrui en pensant qu'une ferme est un lieu public. Imaginez si quelqu'un venait faire du ski-doo sur votre terrain, comment vous sentiriez-vous?

Je suis contre les banlieues. L'expansion démographique n'est pas énorme. La population d'une ville peut varier de 10% seulement alors que l'expansion géographique peut varier de 50% facilement. Résultat, on vend les terres à des promoteurs qui vont en faire un quartier résidentiel et le centre-ville se voit abandonné peu à peu. Sherbrooke est un bel exemple de ce type d'erreur. Il suffit de passer au centre-ville pour voir le nombre de bâtisses vides. Pire encore, en allant visiter l'ancienne banlieue de Rock Forest, on peut y voir un ancien complexe, avec un ancien Wal-mart. Aujourd'hui, où est-il? Dans la nouvelle banlieue, là où les arbres sont encore fraîchement coupés. Les autobus pour aller dans cette nouvelle zone commerciale sont rares et il est impensable d'y aller à pied. On s'y rend en voiture, un peu comme pour le quartier Dix30 à Brossard. Les exemples de ce genre sont nombreux, vous en connaissez sûrement tous quelques-uns. J'essaie seulement de vous montrer quels effets nos gestes peuvent causer. Il suffit d'une seule personne, d'un seul oncle pour qu'une terre disparaisse. Vous pensez ne pas avoir de pouvoir? En décidant d'acheter une maison dans un nouveau quartier, vous êtes sûrement aussi responsable que lui.

À voir:
Un reportage sur la détresse de agriculteurs (Radio-Canada - 18 minutes)


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19 févr. 2009

Mon boisé

La fin de l'hiver est proche. Je suis peut-être un peu trop optimiste diront certains, mais j'y crois malgré tout. Il suffit de regarder les tendances pour voir que les -20°C seront rares dans les prochaines semaines (et que dire des -30). Cet hiver, je n'ai pas fait grand-chose. Ce n'est pas le temps qui m'a manqué, mais plutôt la motivation. Je vois l'hiver comme un repos, le moment où le travail diminue. La raison est que mon grand-père était fermier, l'été, on cultivait, on nettoyait, on réparait et l'hiver on tentait surtout d'éviter les dégâts tout en s'occupant des animaux. Mon père aurait aimé être fermier aussi, mais mon grand-père n'était pas prêt à lui vendre lorsque mon père était dans la vingtaine. Il lui proposa plus tard, mais les circonstances n'étaient plus les mêmes. Mon père avait commencé à enseigner et avait déjà effacé ce rêve, du moins en partie.

Encore aujourd'hui, je sens ce regret chez mon père. Toute sa vie, il a dû travailler pour d'autres personnes pour être heureux. Ne pouvant avoir sa propre terre à bois, il travaillait sous contrat chez plusieurs particuliers afin de les aider, d'avoir un revenu supplémentaire, mais aussi pour son plaisir d'être dans la nature. Non, mon père n'est pas bûcheron, il est sylviculteur. Lorsqu'il va dans un boisé, c'est pour y couper les petits arbres ou encore les arbres malades, laissant les plus grands dominer le terrain. Une seule fois dans ma vie je l'ai vu couper une surface entière, il avait un contrat pour préparer la construction d'une route et il s'en est très vite lassé.

J'ai souvent pu travailler à ses côtés. Tout jeune, il m'avait acheté un ruban à mesurer pour voir combien de "cordes" de bois il avait. Une corde de bois, pour les non-initiés, c'est du bois de 16 pouces de longueur placé sur 4 pieds de haut par 8 pieds de long, du moins c'est le cas général au Québec. Je lui apportais des bûches afin qu'il les fende ou qu'il puisse les "corder". Plus vieux, j'ai arrêté de l'aider, comme mes frères et ma soeur. Nous nous détachions un peu, nous n'avions pas le même plaisir que lui à vivre une journée complète dans une forêt.

Vers la fin de mon école primaire, mes parents ont divorcé. À cette époque, l'envie de mon père d'avoir la terre surgit de nouveau. À cette époque, mon grand-père avait encore des vaches si mes souvenirs sont exacts. Mon père allait l'aider au moins deux fins de semaine par mois et l'été, il l'aidait à préparer et à stocker du foin pour l'hiver. J'avais effacé cette période de ma vie, comme une grande partie de ma jeunesse, mais maintenant je me souviens. Il m'avait demandé si, plus tard, je pourrais être intéressé à m'occuper de la terre. En d'autres termes, il voulait l'avoir, puis me la donner/vendre par la suite. Je n'étais malheureusement pas intéressé à vivre ainsi, à travailler d'arrache-pied sur une ferme qui n'a pas la même technologie que les mégafermes qu'on voit aujourd'hui; je ne le suis toujours pas d'ailleurs. Ce fut sans doute une grande déception pour mon père, puisque j'étais le seul de ses enfants qui semblait avoir un intérêt du même type que le sien.

J'admire mon grand-père pour tout le travail qu'il a fait sur cette terre. Mon père en a fait énormément aussi même si elle ne lui a jamais appartenu. S'il avait pu l'acheter lorsqu'il était jeune, ou s'il avait vu qu'un de ses enfants pouvait être inétessé lorsqu'il était à la fin de la quarantaine, je suis certain qu'il y aurait mis tous les efforts du monde pour avoir un endroit agréable, efficace et respectueux de la nature et des animaux.

Aujourd'hui, les choses sont bien différentes, mon grand-père est très malade et ne peut se déplacer. J'ai entamé une carrière dans le domaine du génie et mon père est trop blessé par le temps pour s'occuper d'une ferme. La terre s'en va à l'abandon depuis quelques années, on ne fait plus les foins, on ne répare plus les bâtiments, on ne creuse plus les digues et il n'y a plus d'animaux. La seule chose que l'on puisse voir ce sont des vaches à viande qu'un locataire vient porter l'été pour qu'elles aient du pâturage et qui repart en automne avec celles-ci. Sinon, on peut y voir des piétons du quartier résidentiel construit juste à côté qui voient cette terre comme un lieu public. Est-ce dérangeant? Oui, on y retrouve souvent leurs détritus, mais surtout, on découvre des clôtures brisées parce qu'ils voulaient faire du VTT ou de la motoneige sur un terrain qui ne leur appartient pas (ils évitent aussi de payer les frais reliés aux clubs de motoneige qui ont des pistes déjà faites, où l'on n'a pas besoin de détruire pour circuler).

Le plus difficile dans cette histoire, c'est au niveau familial. L'explication sera dans le prochain billet. En attendant, je vais profiter du reste de l'hiver. Une période froide et inerte, comme cette fameuse ferme. Quand arrivera le printemps, il me faudra constater les préjudices de l'hiver, espérer voir des bourgeons. En attendant, espérons que tout ne soit pas inondé au réveil.


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18 févr. 2009

Mon catalyseur

J'ai récemment parlé de la douleur et de sa nécessité. N'allez pas croire que je suis pour autant quelqu'un qui aime souffrir, je crois simplement qu'on ne peut toujours se cacher de la réalité. J'ai des problèmes. Des problèmes interpersonnels et, comme tout le monde, mes problèmes intérieurs. Aujourd'hui, j'essaie d'expliquer mon point de vue sur les problèmes interpersonnels. Il est souvent plus facile de voir nos actions que nos réactions.

J'ai toujours pensé qu'une personne ne devrait pas se faire de mal pour une autre. En 1942, un auteur de science-fiction, Isaac Asimov, avait écrit les trois lois de la robotique dans une nouvelle. Avant d'exposer lesdites lois, il est pertinent de connaître l'origine du terme robot. La petite histoire de la création de ce terme est plutôt cocasse. Un écrivain, Karel Capek, écrivit une pièce de théâtre où figuraient des personnages accoutumés de façon étrange et obéissant aux ordres de façon instantanée. Il voulait d'abord les appeler labori (du latin pour labeur, travail, etc.), mais il n'aimait pas trop ce terme. Il demanda conseil et, après quelque temps et un peu d'énervement, son frère Josef lui dit simplement: "Appelle-les donc roboti !" (Citation fort probablement non conforme à l'originale). Roboti, en tchèque veut dire: Esclave, ou travailleur dévoué, ce qui ressemble fortement à l'idée préconçue d'un robot même si le terme ne provient pas du latin comme Karel semblait désirer.

Pour en revenir à notre histoire, voici les trois fameuses lois:

1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
2. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la seconde loi.

En remplaçant le terme obéir aux ordres de la seconde loi par être à l'écoute des besoins, je trouve que ces trois lois pourraient très bien gérer un individu (voire même une société si on idéalise tout et qu'on oublie le libre arbitre). La 3e loi est celle qui me passionne le plus. Une personne ne devrait pas rester dans une situation inconfortable ou douloureuse si elle a la possibilité de changer ladite situation.


Il est bon de piler sur nos principes ou de changer nos habitudes. C'est la partie la plus difficile du développement personnel, sortir de sa bulle. J'ai eu peur de m'engager avec cette fille au départ, j'ai passé 4 ans à vivre seul, isolé et elle m'offrait de vivre avec elle et de prendre soin d'elle. J'ai finalement osé. Ça a pris un catalyseur énorme, il a fallu qu'elle ait le cancer avant que je n'accepte de me dire: « Je veux changer de situation, je veux vivre avec elle !» Ce n'était pas le désespoir de vivre seul, c'était simplement le sentiment que c'était la bonne personne pour moi. Étais-je la bonne personne pour elle? Ça n'était pas à moi de déterminer cela.

Bref, il m'a fallu une bonne poussée pour changer. L'idée de rester isolé encore ne me dérangeait pas, mais l'idée de rester isolé alors que j'aurais pu vivre avec elle, oui. J'espère ne plus avoir besoin d'attendre une telle nouvelle avant de me décider à l'avenir. J'aimerais d'ailleurs que d'autres puissent le faire naturellement. J'essaie de les aider à sortir de la tanière, ils n'en sortiront que plus heureux lorsqu'ils verront les choses différemment. Et si par hasard, après une analyse du mon extérieur, ils se rendent compte que leur ancienne vie était meilleure, ils doivent se garder une petite porte, juste au cas.

Si vous vous souvenez des trois lois, vous vous rappellerez de l'ordre dans lequel elles étaient placées. On ne devrait pas faire de mal à une autre personne et ce, peu importe les avantages pour vous. J'ai accepté de vivre seul à nouveau parce que vivre avec cette fille la rendait un peu plus malheureuse chaque jour. Un peu comme un robot j'obéis à mes lois, à mes principes. Si je dois faire mal à quelqu'un pour être heureux, alors il vaut mieux pour moi que je me taise un instant et disparaisse en sacrifiant mon bonheur.


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16 févr. 2009

Mon baume

Plusieurs options s'offrent à nous lorsqu'on a une blessure. Voilà plusieurs siècles que la médecine essaie de réduire la douleur de façon naturelle ou chimique. En cas de peine d'amour, nous avons su nous trouver d'autres baumes. Que suggéreriez-vous à un ami qui vient de perdre sa relation? Voici quelques suggestions obtenues: Sortir et rencontrer des gens, aller magasiner, en discuter avec des amis, s'acheter un chat pour remplacer les 2 de son ex, s'abonner à un bon site porno (je suis en génie, donc les suggestions sont assez spéciales parfois...).


Bref, il existe plusieurs remèdes pour masquer tous les types de blessures. Certains vont me trouver bizarre, mais de mon côté, je ne crois pas que le lypsyl soit une bonne invention. Je réponds souvent que si j'applique du baume sur mes lèvres sèches, je vais créer une dépendance et je devrai mettre du lypsyl toute ma vie. Un dermatologue vous dirait que j'ai tort et il aurait parfaitement raison. J'utilise cette excuse simplement parce que c'est la plus simple et que j'aime bien m'obstiner.


La vérité, c'est que ma théorie n'est vraie que si l'on considère les 2 hypothèses suivantes:
1. Le baume n'accélère pas la guérison, il ne fait que soulager la douleur et améliorer l'apparence.
2. La raison qui cause les lèvres sèches est que la personne se lèche les lèvres constamment.

Avec la première hypothèse, on définit le baume avec un seul de ces sens (en vérité, il signifie plus), c'est-à-dire:
« Baume: n.m., préparation pour usage externe qui calme la douleur ou cicatrise. »
Ainsi, le baume ne guérit pas, il ne fait qu'aider à supporter et masquer la douleur.
Avec la deuxième hypothèse, on peut dire que le problème n'est pas circonstanciel (ex.: une période froide et sèche de l'hiver), mais plutôt le résultat d'une intervention humaine (ici, une mauvaise habitude).
En combinant le tout, on peut donc dire qu'une personne qui se lèche les lèvres ne va pas s'aider en mettant du baume puisqu'elle va, au contraire, elle pourra continuer persuadée qu'elle a un outil pour l'aider. Le tic ne fait qu'empirer et la personne devient dépendante de l'outil.

L'analogie est longue (et peut sembler douteuse pour certains), mais vous comprendrez ce qu'elle signifie. Ces conseils servent à quoi finalement? À cacher sa peine? Tant qu'à y être, je pourrais faire un étudiant de génie de moi et me saouler plus que mon corps ne peut le supporter! Désolé, mais je reste fidèle à mon idée de base. La vie est une longue marche. Si on tombe, on se relève et on continue. Je ne vais pas m'arrêter en plein milieu du chemin et regarder autour de moi en attendant d'être prêt à repartir ou pire encore, décider de changer de voie. Oui, il faut se soigner, il ne faut pas laisser une plaie ouverte et l'ignorer, mais il ne faut pas non plus penser que tout se fait dans la douceur.

J'ai vu ma nièce hier pour sa fête. Elle va avoir 2 ans. Elle a eu son premier vélo à vie, un joli petit tricycle Louis Garneau (le même que l'image). Il est en acier! C'est étonnement rendu difficile de trouver des vélos de qualité pour les enfants aujourd'hui. Pour revenir au sujet, 2 ans c'est tôt pour faire du vélo, mais en une seule soirée, elle a fait plus d'effort pour réussir à pédaler que je n'en ai fait encore pour être heureux malgré les événements récents et antérieurs. Elle n'a pas demandé d'aide. Elle n'a pas voulu non plus commencer sur le tapis. Elle voulait le faire sur le plancher. Tant pis si elle se fait mal ou si elle n'arrive pas à pédaler, elle essaiera. (Je tiens à préciser que c'est vraiment sa volonté avant que quelqu'un ne dise à la CPJ que ma soeur force sa fille à pédaler.) Après quelques chutes, elle est devenue meilleure et elle y est finalement arrivée (plus ou moins, mais l'intention y était).

En revenant j'ai demandé à mon père comment ça avait été mon histoire avec les vélos quand j'étais jeune. Il m'a raconté que mon grand frère a gardé ses petites roues (communément appelées "Training wheels") pendant plusieurs années. Ma grande soeur, elle, évoluait un peu plus rapidement. Mon père montait graduellement les petites roues afin de donner un support en cas de danger tout en apprenant à l'enfant à garder l'équilibre. Au fur et à mesure, on ne se sert des petites roues que si le vélo penche de plus de 5°, 10°, etc. Éventuellement, il enleva une roue puis l'autre. Un peu comme ma nièce, je n'avais pas envie de ce filet de sureté et d'un apprentissage plus long qui me rendrait moins autonome. Lorsque mon père enleva la première roue à ma grande soeur, je suis allé le voir au garage et je lui ai demandé de m'enlever les 2 roues aussitôt, malgré mon âge et mon inexpérience. Je ne suis pas tombé davantage qu'un autre enfant, j'ai simplement eu confiance en moi plus rapidement.

Aujourd'hui, en tant qu'adulte, j'espère seulement pouvoir garder cette attitude et à me faire confiance pour être plus fonceur. Maintenant, je connais les dangers, je connais mes limites; je dois seulement apprendre à les gérer et éventuellement à les repousser. Je ne prendrai pas de baume pour m'aider, désolé, ce n'est pas dans ma nature. Parfois, une tape dans le dos, c'est significatif.


14 févr. 2009

Mon journal

Les souvenirs sont à la fois troublants et merveilleux. Je ne veux pas dire qu'ils sont soit merveilleux, soit troublants, mais bien les deux en même temps. Je m'explique. La plupart des gens se souviennent de leur premier amour, c'est généralement une pensée agréable et certains d'entre nous vont même avoir un sentiment de nostalgie à ce moment. Tout était simple, nous avions peu de responsabilités et nous avions une passion hors du commun. Ce genre de pensée nostalgique nous amène à rêver ou à espérer, elles nous permettent de mieux dormir et de mieux vivre. C'est toutefois troublant si l'on pense que nous sommes obligés de regarder en arrière pour être heureuses. Certaines personnes réussissent à regarder de l'avant ou même se regarder eux-mêmes pour être heureux. Je les félicite, mais ce n'est pas mon cas.


Je suis plutôt du genre à regarder en arrière. Non pas que je sois quelqu'un de nostalgique qui pense que tout était mieux à l'époque ou même les tables étaient faites en acier, mais plutôt du genre à aimer l'histoire des sociétés, des gens et ma propre histoire. (Le graphique est de l'ingénieur Michael F. Ashby. Il montre l'importance relative des matériaux selon l'époque et on peut y voir la domination des métaux dans les années 50). Pour cela, je crois, comme un bon ingénieur devrait le faire, que nos souvenirs doivent être tous conservés. Les bons comme les mauvais.


On voit facilement l'avantage de garder nos moments précieux en tête puisqu'ils nous rendent heureux. Pour cela, rien de plus simple. Ce qui embête davantage les gens c'est quand je leur dis de se rappeler d'un événement aussi néfaste soit-il. Les gens croient qu'en disant cela, je veux leur dire de continuer de pleurer leurs proches qui sont décédés ou même de s'apitoyer sur leur sort. Il n'en est rien.
Je pense plutôt qu'en regardant en arrière, on peut se rendre compte de nos erreurs ainsi que les erreurs des autres, un peu comme un registre qu'un employeur fait à la CSST. S'il s'agit d'une erreur, on apprendra ainsi à éviter qu'elle se reproduise. Si c'est un accident, on prendra des mesures pour l'éviter et s'il n'y en a pas, nous saurons à tout le moins comment réagir.

J'ai dit lors de mon dernier billet que ma relation s'est terminée récemment. Ce serait stupide pour moi de me lier avec quelqu'un d'autre avec une approche nostalgique. Je serais très rapidement déçu si je devais espérer qu'une personne soit comme une autre. Est-ce que je peux tout effacer et partir de zéro? Oui, mais je risque de commettre les mêmes erreurs et de la blesser autant. C'est pourquoi je continue de regarder en arrière de moi, non pas pour me plaindre, mais pour être plus fort.



Bernard de Chartres (repris par plusieurs) a dit :
« Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque. »

(La photo est un mélange des Brownies {des personnages du film Willow} et d'une oeuvre de Ron Mueck)


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12 févr. 2009

Ma première chute

Jeudi soir, je sors tout juste d'un magasin de vélos. Il est 17h45. La mauvaise nouvelle est qu'il n'y a pas d'autobus avant 18h20. 35 minutes à attendre dans un quartier où il n'y a rien à faire si vous n'avez pas de voiture. Je me décide, je vais marcher. Bon, il y a 4.5 km entre cet endroit et chez moi, il pleut et il neige et, de plus, j'ai mis mon manteau d'automne en me fiant à la météo de ce matin, la belle erreur. Je ne veux pas blâmer le transport en commun, avec un peu d'organisation on arrive à bon port. Toutefois, si on s'appuie sur l'espoir, on risque d'être déçu dans une petite ville comme Sherbrooke.

Cette marche me fait du bien. Il y a longtemps que je n'ai pas pu marcher à mon rythme ou sans à avoir à entendre des commentaires négatifs sur la qualité du déneigement, sur la température ou même sur moi. Un peu comme une renaissance, je me sens libre. Cette liberté est facilement expliquée. Voilà plusieurs mois que je vivais avec une personne bien que je savais clairement que je ne voulais plus faire ma vie avec elle. La corde est coupée, on tombe et bien entendu, ça fait mal. Chez moi, la douleur est chose courante. Je ne viens pas d'un milieu où l'on peut se plaindre plus qu'une autre personne le pourrait, mais c'est plutôt moi qui crée ces problèmes.

Lorsque je commence à marcher, je me rends compte qu'il n'y a pas de trottoir. Plusieurs autobus passent par cet endroit, il y a même un cinéma juste à côté de moi, mais malgré tout, on a construit cet endroit en se disant que les gens viendraient en voiture. Qu'à cela ne tienne, je continue ma route. Je croise une autoroute. Heureusement pour moi, ils ont pensé à commencer le trottoir à partir du viaduc, déjà je me sens un peu plus en sécurité. Quelques petites choses étranges surviennent. Au moment exact où je passe devant la base d'un lampadaire, celui-ci s'éteint. Certains me diront que ça arrive fréquemment, je suis d'accord, ça doit m'arriver en moyenne 4 fois par année, mais c'était la première fois où les choses étaient aussi synchronisées. Je me sens un peu seul tout à coup...

Après quelques minutes, j'essaie de réfléchir au fonctionnement de mon corps. Certaines personnes restent froides quand il fait froid. Leurs mains sont glaciales et on dirait qu'elles veulent garder toute la chaleur pour eux. De mon côté, c'est l'inverse. Mon corps devient une véritable fournaise en dessous de zéro. Je me demande pourquoi. Certes, on transpire afin de rafraîchir notre peau quand il fait trop chaud, mais malgré mes cours de biologie et de thermodynamique, je ne comprends pas pourquoi mon corps s'amuse à évacuer sa chaleur ainsi alors que c'est l'inverse chez d'autres personnes. Peut-être ne veut-il simplement pas se battre contre ce froid et qu'il veut se vider complètement de son énergie vitale me dis-je au départ. Mon coeur veut-il cesser de battre simplement parce qu'il est triste de ne plus pouvoir battre pour qui que ce soit? Il y a toujours moi! Je refuse que ma chaleur et mon coeur ne servent qu'à autrui. Malgré tout je me sens refroidir lentement.

C'est alors qu'en marchant je rencontre Mireille Roberge. Pour ceux et celles qui ne la connaissent pas, elle est animatrice au TVA Estrie. Je n'écoute généralement pas les nouvelles, je préfère les suivre sur internet. Bref, en marchant, j'ai vu cette femme, face à la caméra, qui allait présenter son bulletin météo de la journée. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui parler, pas plus aujourd'hui puisqu'elle semblait être à l'antenne d'une seconde à l'autre. Toutefois, nous nous sommes souri. Elle m'a tout de suite donné cette impression de sincérité. Je la "connais" depuis presque 4 ans, depuis que j'ai déménagé à Sherbrooke. J'ai eu l'occasion de l'admirer à l'été 2007 alors qu'elle s'était donné comme défi de traverser le Canada, seule à vélo (cliquez sur l'image pour plus de détails). Je suis fan de vélo, vous le découvrirez certainement au cours de mes billets. La voir m'a donné un peu de chaleur pour continuer ma route.

À environ 200m de chez moi, je me retourne et aperçois finalement l'autobus qui arrive. Qu'à cela ne tienne, je n'ai peut-être pas de gants ou de tuque, mais cette marche m'a permis de réfléchir et m'a motivé à continuer. Je réalise que ma vie est une très longue marche. Hier, je marchais aux côtés d'une personne, mais je n'arrivais pas à être heureux. Aujourd'hui je suis seul. Suis-je plus heureux? Je ne sais pas encore, mais je n'ai pas l'impression de me mentir. C'est parfois étrange de sentir la sincérité des gens alors qu'on ne croit plus à la nôtre.


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