28 avr. 2009

Ma pelouse

Je trouve drôle l'influence des quatre saisons sur le Québec. Il est certain que les comportements diffèrent selon les gens et les lieux, mais il y a une chose assez commune en banlieue et dans les petits quartiers résidentiels selon les saisons et le temps. Après une longue hibernation, les gens se réveillent. Les temps où l'on ne voyait rien sur la rue mise à part une mère dévouée et brave qui promenait ses enfants dans ses bras, dans une poussette ou sur son dos (remarquez qu'on en voit parfois 2 des 3 en même temps) sont révolus! Faites place aux personnes âgées qui enfin peuvent profiter du soleil sans risquer le coup de chaleur ou la chute fatale qui briserait leurs os. Faites place aux jeunes (eh oui, certains sortent encore malgré les rumeurs) qui vont fièrement porter leur skateboard sous le bras. Faites place aux jeunes couples qui refusaient de sortir par temps froid sur de la glace dans la rue (oui, Rock Forest n'a pas de trottoir sur la majorité du territoire), enfin ils ont droit à la simplicité du printemps!

On fait place aux adeptes de vélo, ceux avec l'habit complet qui évacue toute transpiration tout en donnant un coefficient de traînée presque nul, le vélo en carbone et le petit logo sportif du magasin d'où tout cela provient. On ne voit plus les clochards qui trainaient 10 sacs d'épicerie remplis de canettes vides, ils sont masqués par les nombreux maillots jaunes. On dit également adieu à la neige, au sable et à la bonne «garnotte» québécoise. La ville s'empresse de balayer le tout des rues. Je suis d'ailleurs surpris lorsqu'on parle de nettoyage urbain. J'ai rencontré plusieurs personnes qui ignoraient totalement le processus de déneigement d'une ville, le nettoyage des rues ou, parfois, le nettoyage des trottoirs. Remarquez, c'est toujours mieux qu'à l'époque des balayeurs de rues. Voilà un bon bout de temps qu'on rend le tout beau.

Les voitures aussi sont belles. Certains n'ont même pas de voiture en hiver, ils n'ont qu'une voiture d'été. On sort nos modèles sport, on sort les motos, les scooters et, surtout, on profite des routes qui ne sont plus glacées. C'est ce que je trouve particulier au Québec. S'il faisait toujours chaud, nous serions peut-être plus modérés. Il n'y aurait plus ce boum du printemps où la testostérone vient couler comme l'eau d'érable à la chaleur. Les gens sont fous en avril. C'est à ce moment-là que les moteurs font du bruit, que les excès de vitesse sont les plus fréquents. Certes, il en reste en juillet, mais l'intérêt de la nouveauté n'est plus là, moins de gens y adhèrent. Vous êtes tous capables d'appuyer sur une pédale d'essence, bravo. Seulement, ça fait du bruit et tout le monde s'en contrefout. Si vous fabriquiez vos voitures, il y aurait un intérêt, mais finalement, à part poser quelques petits accessoires Canadian Tire, vous avez fait quoi sur votre voiture? Gardez vos petites hormones en dedans, vous n'êtes dotés d'un cerveau contrairement aux érables, ces hormones vous serviront peut-être mieux plus tard dans la journée qu'ils ne l'ont fait sur la pédale en plastique.

Viennent ensuite les pelouses. Les fameuses pelouses. On commence par nettoyer. L'hiver et surtout l'homme ont apporté divers objets indésirables. La petite «garnotte» vient généralement couvrir un bon mètre de pelouse. Plus loin, on retrouve des sacs de plastiques, de boites de Timbits, des enjoliveurs, des bardeaux et, parfois avec un peu de chance, la clé USB qu'on avait échappée durant l'hiver en pelletant. Bon, l'histoire date de l'an dernier, mais je jugeais pertinent d'en parler puisqu'elle fonctionne encore cette année malgré 3 ans d'usure, dont 4 mois sous la neige. Pourquoi nettoyer? Je dirais qu'il y a des avantages. Les vieilles feuilles laissées de l'automne passé empêchent un peu l'herbe de pousseur, de plus, il y a certainement avantage à enlever certains objets qui polluent ou des objets potentiellement dangereux pour des enfants qui pourraient passer (du clou à la seringue). Malgré cela, la principale raison du nettoyage est sans doute l'influence du voisin. Notez qu'encore une fois, je ne suis pas un modèle, j'ai raclé chez plus d'une personne cette année.

Viennent ensuite les nombreux conseils. Si nos mères ont chacun leur recette de spaghetti, les maîtres-tondeurs aussi. Notons que je n'utilise pas le terme banlieusard ici, plusieurs banlieusards ne tondent pas eux-mêmes et, de plus, je ne voudrais pas généraliser en ciblant uniquement des hommes, plusieurs femmes doivent s'occuper d'un terrain seules. Bref, nos chers maîtres-tondeurs vont tout faire pour marcher sur un terrain de golf. On commence par les petits trucs, bien simples, bien écolos comme ne pas ramasser l'herbe. Ainsi, on évite la dégradation des sols. L'herbe coupée est retournée à l'endroit même où elle a poussé, ce qui permet d'avoir autant de minéraux durant des décennies. En gros, si on veut l'équilibre, on doit donner les restes au berceau. Si on fait pousser du blé en Saskatchewan et qu'on le mange ici, au Québec, on doit envoyer le produit final en Saskatechwan. Eh oui, je parle de matières fécales, le sujet est étudié depuis plus longtemps en médecine que la fréquence cardiaque, mais il reste encore tabou, ce qui rend les "jokes" de merde drôles, du moins pour Cégeps en spectacle ou à En route vers mon premier gala juste pour rire. Je vais m'arrêter là pour les selles et l'urine, car je pourrais en faire un billet complet, ce qui n'est pas le but aujourd'hui, j'y reviendrai un jour peut-être. Pour l'histoire de gazon (pour ceux qui suivent), il y a aussi un autre bon petit truc, on laisse pousser. Le gazon a davantage de temps pour arriver à maturité. Le hic dans les deux cas, c'est qu'il est inacceptable en milieu urbain d'avoir de l'herbe coupée et non ramassée (ça fait sale et ça tache les jolis souliers blancs) ou d'avoir une herbe dépassant les 6 pouces de hauteur. Bon, il en existe sûrement d'autres, mais ce sont les deux principaux retenus de mon enfance.

Il est plus simple toutefois de tondre (ou de faire tondre) tout de suite, mettre de l'engrais et arroser artificiellement. Pourquoi se compliquer la vie et surtout, pourquoi se satisfaire d'un terrain laid? Malgré vos nombreux investissements en engrais, pesticides et insecticides, votre terrain n'a toujours pas l'air d'un terrain de golf? Qu'à cela ne tienne, achetez des mottes de gazon. Ça vient en rouleau et il a suffi de gaspiller une autre terre arable uniquement pour reproduire la même chose que ce que votre terrain aurait pu faire. Ça, c'est du développement urbain! Les terres agricoles ne font pas de la nourriture pour la ville, elles embellissent leurs pelouses. La nourriture, on n'a qu'à la faire venir du Chili, de toute façon, personne ne veut travailler sur les fermes au Québec, on emploie des Mexicains pour l'été. On les loge à Saint-Hyacinthe ou ailleurs en Estrie pour 4 mois, puis ils repartent. Que reste-t-il de local dans tout cela?


↑ Haut