8 avr. 2009

Ma marche forcée

Je disais l'autre jour que le service des stages de l'Université nous prenait par la main. Parfois, c'est bien involontaire, mais ça reste toujours vrai. J'ai eu droit à un bel exemple hier. Mes démarches personnelles m'avaient finalement donné une occasion de passer une entrevue seul, le genre d'entrevue «go / no-go» quoi. Si l'employeur ne me veut pas, le poste reste vide. Bref, sa principale préoccupation est «l'homme en face de moi peut-il m'aider?» plutôt que «on me demande de remplir tel et tel objectif, quel candidat me semble le plus apte?» La différence est plutôt subtile de cette façon, peut-être suis-je le seul à m'imaginer qu'il y en a une aussi. Dans les faites, voici ce que je veux dire.

L'employeur ne cherche pas à combler un poste, il essaie simplement d'améliorer son entreprise. L'objectif n'est pas précis, il sera fait selon les intérêts et les forces de la personne choisie. C'est comme si au lieu de me dire que je devrais m'acheter un chandail pour remplacer mon vieux, je décidais d'aller au centre d'achat dans l'espoir de trouver quelque chose, n'importe quoi, qui puisse me donner envie de le porter. Je sais, ça paraît bizarre comme exemple venant d'un homme, mais ne me jugez pas. En gros, je veux simplement dire que j'aime cette approche, car elle va chercher les véritables forces des gens plutôt que de forcer une personne à correspondre au poste.

Parfois, on est forcé malheureusement d'être une pièce de remplacement. On aura beau faire ce qu'on voudra, un emballeur d'épicerie ne peut pas vraiment changer les choses. Il y a les boîtes de suggestions dans certains endroits, mais généralement on demande à une personne qui ne connaît pas les tâches effectuées de chercher un moyen d'améliorer les choses. On a eu droit à un bel exemple de remplacement aujourd'hui. Après la démission de Mme Jérôme-Forget, on a cherché un candidat qui lui ressemblait un peu. Comme nous n'avons pas 50 000 députés, on en prendra un qui lui ressemble. Bon, les nez se ressemblent un peu, mais sinon ils ont des visages complètement différents!

Une chose m'a réellement choqué aujourd'hui. On a demandé à Mme Jérôme-Forget si elle aurait voulu faire plus, si elle regrettait de quitter après seulement 4 mois. Elle a répondu qu'entre faire un autre budget ou passer du temps avec sa petite-fille Zoé, elle préfèrerait sa petite fille. Je crois aussi en la famille, peut-être moins intensément qu'elle, mais j'y tiens malgré tout. Lorsqu'on devient ministre des Finances, on accepte de consacrer notre temps aux autres. Faire un autre budget touchera 7 millions de personnes, dont plusieurs milliers qui sont en situation critique. La petite Zoé a des parents qui, je l'imagine, lui donnent déjà l'attention dont elle a besoin. Oui, il y a la vie avant la politique, mais il y en a dedans aussi, il ne faut pas l'oublier. Quand je pense à mes anciens collègues dans l'armée, je vois des gens qui savaient dès le départ que leur choix demanderait d'énormes sacrifices familiaux. Des gens qui, la veille d'un départ forcé pour l'Afghanistan, acceptaient de dire au revoir. Ces hommes n'ont pas un très grand rôle. Un soldat de plus ou de moins envoyé ne changera pas la vie de 7 millions de personnes. Pourtant, ils y vont quand même.

Lorsque j'apprends qu'une ministre qui connaissait dès le départ la situation économique et tous les enjeux et sacrifices reliés à celle-ci dire qu'elle ne veut pas sacrifier son temps avec ses petits enfants, ça me met hors de moi. Contrairement au fantassin, vous êtes le pivot, vous êtes à la tête des finances du Québec en entier. Vous avez aussi le pouvoir de faire tomber le parti Libéral pour 10 ans en gaffant dans votre travail. Je sais depuis longtemps qu'en allant en génie, je risque de faire des sacrifices moi aussi. Lorsque je serai responsable de projet, la sécurité de certaines personnes sera en cause. Lorsque la situation sera critique, je me serai préparé à ce sacrifice. Il se peut que je ne puisse voir mes enfants que 5 heures par semaine pendant un mois entier. Il se peut que je sois forcé d'aller au Brésil 2 semaines malgré mon désir de passer du temps avec ma famille. En ce moment, la vie de certaines personnes est en jeu. Sur les 7 millions d'habitants, certains ne peuvent plus payer leur maison. Je suis persuadé que plusieurs enfants mangent moins, ou alors autant, mais de qualité douteuse. La santé psychologique et physique de plusieurs personnes est en jeu. À l'heure des sacrifices, il serait préférable de voir grand-maman aider un peuple entier plutôt qu'une petite fille qui n'aura que de vagues souvenirs plus tard de ses après-midi dans le salon.


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1 commentaires:

Anonyme a dit…

Allo, j'aimerais savoir où tu as trouver la photo avec du soldat? Parce que vois-tu c'est moi la fille sur cette photo.
rose-marie-star@hotmail.com