17 avr. 2009

Ma biodiversité

Je me demande souvent si les gens sont aussi fous que moi. Qu'y a-t-il de mieux dans la vie que de comparer deux choses pour déterminer laquelle est la meilleure? Lorsque vous achetez des pommes, vous allez regarder laquelle semble la plus ronde, la plus normale, ce qui, à votre avis, donnera une pomme de meilleure qualité. Il est aussi possible de se comparer à une actrice américaine pour voir si vous êtes aussi désirable qu'elle (notez que je parle ici surtout des filles). Bref, on juge de la qualité en comparant un ou deux caractéristiques qui nous tiennent à coeur personnellement. On fait fi de tout le reste.

Pourquoi ne pas laisser la chance aux autres? La McIntosh qui a un peu de vert dessus et qui a même certaines lignes sans couleur, c'est-à-dire brunes, est peut-être encore plus savoureuse que l'autre à côté. Le mieux, c'est d'essayer un peu de tout. Parfois, ce n'est pas toujours le plus beau soulier qui va aller le mieux à votre pied, ça vaudrait peut-être la peine d'essayer les autres modèles. Ah oui, pardon, j'avais oublié. La plupart des gens se soucient de leur apparence et non de la santé de leurs pieds. C'est drôle, mais personnellement, je ne regarde pas les souliers chez une personne à moins de devoir chercher une place pour mettre les miens sur le tapis d'entrée.

Toutes ces petites manies de chercher "le plus solide", "le meilleur", "le plus rapide" et "le plus fort" (noter ici une petite allusion à Daft Punk) semblent ne vouloir jamais disparaître. On veut des voitures plus performantes avec une bonne accélération, une bonne vitesse maximale et un faible coût d'essence. On pourrait voir les choses autrement et se dire de ralentir tout simplement. Une voiture roulant à 50 km/h pourrait facilement avoir un meilleur rendement, mais... nous ne sommes pas prêts à sacrifier notre 100 (ou 120-130 dans certains cas). Remarquez, avec des voitures limitées à 50 km/h, on aurait peut-être plus de trains. Je parle de trains, car c'est sans doute l'un des moyens les plus propres pour des vitesses supérieures à 100 km/h. Plusieurs le savent, le Canada a un réseau ferroviaire qui ne privilégie pas vraiment les voyageurs, mais surtout les marchandises. Serait-ce une chose à modifier?

J'ai précisé que le train offrait probablement le meilleur rendement pour une si grande vitesse. Toutefois, j'ai lu récemment (je n'ai pas le nom de l'article, désolé pour les sceptiques) que le vélo était probablement le moyen de transport offrant le meilleur rendement toute catégories. Vous comprendrez que sa mécanique simple l'aide énormément (pas trop de frottement, pas d'électronique, etc.), mais ce qui le différencie d'une trottinette, des patins à roues alignées et même de la course, c'est son ergonomie et ses rapports de vitesse. C'est une machine bien adaptée à notre corps et j'espère un jour trouver un moyen d'améliorer encore cela.
Je m'éloigne de plus en plus de mon sujet. J'ai beau parler de laisser la chance aux autres, je suggère à tous de ne vivre qu'avec des souliers et un vélo. Remarquez, il y a une grande panoplie dans chaque catégorie. On peut avoir le vélo de route, le vélo de montagne et le vélo hybride. De ces 3 catégories, on a plusieurs sous catégories comme le vélo de descente, le vélo de cross-country, le "hardtail", la suspension complète, les 29ers, les single speed, les cruisers, etc.

La raison pour laquelle mes idées ne semblent pas converger est toute simple: elles ne convergent pas! D'un côté, j'espère que tous peuvent avoir une chance quelque part. Que ce soit dans un travail ou relationnel, chacun peut apporter quelque chose d'unique. Si vous ne jugez qu'avec vos expériences passées ou avec vos préférences (qui sont très arbitraires avouons-le), vous risquez de passer à côté de nombreuses surprises. Elles ne sont pas toutes plaisantes, mais elles offrent toutes soit de beaux défis, soit une grande satisfaction.

Ce qui me pousse à penser le contraire, ce sont mes expériences et mes préférences. Comme je suis quelqu'un qui n'aime pas les mauvaises surprises, j'essaie d'éviter de me lancer dans n'importe quoi. En même temps, je ne demande pas le meilleur. Je suis un peu comme une personne âgée et bornée. J'ai mes vieux outils et ils marchent encore. Je ne vais pas chercher un outil plus performant et je ne vais pas regarder non plus les nouveautés à la télé en me disant que je pourrais bien essayer pour voir. En gros, je suis simplement trop lâche pour aller chercher du nouveau. Résultat, lorsque j'ai un dégât d'eau à la maison, j'utilise la vieille technique des serviettes pour éponger. Eh non, je n'ai pas de ShamWow! (petit détail, ce type a été arrêté fin mars pour avoir battu une prostituée, cliquez sur la photo pour les détails croustillants d'une personne totalement étrangère gracieusement offerts par la presse américaine).

Bref, je suis là ce soir à me questionner. Qu'est-ce qui est le mieux?

A) Un maximum de diversité : On découvre de nombreux talents et plusieurs phénomènes, mais on perd tout sens de l'efficacité, on tombe dans le n'importe puisqu'il n'y a pas de structure. On jette énormément de choses puisqu'elles sont inutiles. Les Japonaises aiment bien cette approche côté vêtements ces derniers temps. Chacun accessoirise ou crée. Elles se promènent ainsi dans la rue. avec leur création, c'est normal pour elles, c'est une façon de s'exprimer. C'est magnifique et amusant, mais combien de retailles doivent être jetées? Combien de fois le manque de pratique (ou de talent) a donné des résultats désastreux? Du point de vue humain, par contre, c'est le meilleur choix. Chaque personne qui peut créer quelque chose en est fière et peut s'exprimer plus librement. Que ce soit par ses vêtements, ses attitudes ou par ses idées. Devrait-on supprimer les lois pour laisser pleine liberté à chacun? Il reste encore un fondement à la liberté. La liberté d'une personne s'arrête là où commence celle de l'autre.

B) On garde uniquement le meilleur : Un seul modèle de voiture. Amélioré d'année en année, chaque problème serait connu et pourrait être réglé. On perdrait la grande créativité dont j'ai pu jouir aujourd'hui en voyant cet autobus modifié à la façon des années 70, mais on sauve énormément d'espace pour des usines diverses puisque tout le monde s'habille de la même façon, mange la même chose et achète les mêmes produits. On tombe dans le même monde que celui qu'offre l'armée. Un monde bien géré, mais sans valeur humaine. Du point de vue écologique et économique, c'est le meilleur choix. Du point de vue humain, on peut tomber dans l'eugénisme comme au début des années 1900 dans des pays tels la France, les États-Unis, le Canada (notamment les Métis en Alberta) et la Grande-Bretagne (remarquez qu'on accusera Hitler d'être à la base de cela, mais même s'il a abusé de cette idée, il n'en est pas l'auteur). On peut aussi commencer à faire de la sélection prénatale afin d'avoir des humains sans maladies, sans cancer et sans handicap.

C) On continue comme on le fait maintenant : On apprécie la diversité, on fait croire que c'est une chose importante, mais uniquement par égoïsme. La véritable raison est que chaque personne aime penser avoir pris le meilleur afin d'être pleinement satisfaite. La McIntosh un peu plus pâlotte n'est donc pas achetée par le premier client. Celui-ci se dit qu'il y en a une plus belle. Le deuxième client, lui, trouvera qu'entre une pomme pâlotte et une pomme avec un petit trou de ver, la pâlotte est plus appétissante. Le dernier client, finalement, aura 2 choix. Soit il se dira que même si c'était la dernière, elle sera savoureuse; soit il se demandera au gérant de jeter cette pomme et de lui en apporter des nouvelles.

La diversité sert uniquement nos intérêts et rarement ceux des autres. Ce n'est pas la méthode la plus efficace, et, d'un point de vue local, elle est très coûteuse pour l'environnement (on fabrique des tomates en hiver, on importe du bambou, on exporte l'érable). Je veux bien admettre que les gens ont besoin de cela pour être heureux, mais il ne faut pas être hypocrite. En ayant une grande diversité, on a du mépris pour de nombreuses choses. En s'achetant la plus jolie paire de souliers ou le meilleur vélo, on revient à dire que les autres ne nous arrivent pas à la cheville. Si autant de gens veulent de la diversité, c'est pour s'imaginer être unique. Je ne suis pas unique. Chacune de mes idées a déjà traversé l'esprit d'un autre. Chaque fois que je crois avoir bien réussi une chose, des milliers de personnes auraient fait mieux. On aime la diversité, car on regarde en bas. Plus il y a de monde, plus on est heureux. Regardez en haut un jour, vous verrez que peu importe le nombre de personnes ou le nombre de marques de souliers, vous êtes généralement au centre de tout cela. À quoi bon piler sur plus de gens si plus de gens vous pilent dessus?


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