11 avr. 2009

Mes préjugés

On dit de moi que je suis une personne pleine de préjugés. C'est vrai. C'est un énorme défaut aussi et je m'en rends plus que compte. Le passage qui suit risque de choquer certains, ce n'est pas mon intention. Il y a deux ans, on m'aurait demandé mon opinion sur les victimes d'agressions sexuelles. Ça peut paraître étonnant, mais c'est le genre de question que je ne me pose pas souvent. Peut-être est-ce le sujet plutôt lugubre ou alors la peur de devoir épauler une personne qui vient me tend une perche au moment où je m'y attends le moins, mais je manque d'opinion là-dessus. Que faire? J'ai pris la mauvaise décision de dire n'importe quoi, juste pour donner semblant d'avoir une opinion. Un peu comme le gars qui croit connaître son chemin, je m'enfonçais de plus en plus loin sur une route qui m'est totalement inconnue, refusant de faire demi-tour.

Comme je ne m'y connaissais pas en la matière, j'ai décidé de toucher toutes les opinions possibles. En politique, cette décision peut marcher si on reste au centre. On ne prend jamais de position, mais on oscille un peu partout, on présente des faits peu pertinents et surtout, surtout, on prend un petit temps de réflexion avec une merveilleuse phrase clé du genre: «Je vous remercie de cette question» ou «Vous savez, je crois qu'il y a plusieurs Québécois et Québécoises qui se posent cette question en ce moment et je bien content(e) de pouvoir y répondre». Dans mon cas, je n'ai pas ce réflexe. Les choses sortent tout de suite ou alors elles ne sortent jamais. Pour mon opinion vis-à-vis les agressions sexuelles, ça a été tout de suite. Bon, je tiens en haleine les mots utilisés il y a deux ans, ce n'est pas pour un effet de suspense, c'est simplement que j'en suis peu fier et qu'ils ont de la difficulté à faire surface. Allons-y directement. Parmi mes multiples opinions (sans fondement pour aucune), j'ai choisi, à un moment donné, la mauvaise. J'ai carrément dit que si certaines personnes étaient assez dérangées pour agresser des gens, notamment des mineurs, il serait peut-être plus facile pour les victimes ou cibles d'éviter de se mettre dans ce genre de situation. On a beau essayer de rattraper en disant: Oui, mais si la fille va seule dans une ruelle en revenant d'un bar à moitié saoule, etc.

Bref, vous voyez le topo, j'étais rendu au fin fond du 4e rang, au poste de douanes américaines, alors que je cherchais l'autoroute 40. Un peu comme Anh Minh Truong avec son film «Entre nous et nulle part», je vais dans une zone où les mots se ressemblent, mais où la mentalité est totalement différente. Bref, toutes mes connaissances ne me servent à rien, elles vont même causer ma perte puisque ce sont des préjugés horribles. Pour informations, il s'agit d'un film où 3 personnes décident d'aller à Sherbrooke, au Dakota du Nord (la ville existe vraiment, voir la photo pour un lien). Je suis rendu au Dakota et je cherche toujours les autobus de la STS pour rentrer chez moi le plus rapidement possible.

Je continue à m'enfoncer, regard frustré de la personne à qui je parle, énorme sentiment de culpabilité en moi, ce sont des petites choses normales quand vous admettez votre erreur. Le gros problème, c'est que cette erreur a fait ressortir mes préjugés. Je vois bien aujourd'hui mon erreur, mais je sais pertinemment qu'il m'en reste encore des milliers, dans ce domaine ou dans d'autres. Si on croit que je suis un extrémiste qui crie sur tous les toits que toutes les femmes violées l'ont cherché, que les noirs sont tous idiots ou que le Canadien ne fera gagnera jamais la coupe cette année, c'est mal me connaître (sauf peut-être pour le 3e item). En admettant que chaque sujet ait un milieu juste (appelons-le le 50). Dans ce cas, mes idées sont très souvent entre 30 et 70. Seulement, en cas de panique, les gens peuvent dire n'importe quoi. Pour cela, je peux avoir l'air d'être dans le 10 ou le 90. Vous voulez une autre preuve?

Plusieurs personnes me voient comme un raciste. C'est vrai que je parle à peu de personnes venant d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud. Remarquez, je ne parle pas aux blancs non plus. Comme on me le dit si bien, je suis antisocial. Toutefois, si n'importe qui vient me voir et me parle, je ne regarde pas de quel endroit il vient. Par la suite, je vais tenter de le découvrir, car j'aime apprendre sur les différents pays, leur politique, le style de maisons, les arbres là-bas, etc. Le plus gros préjugé que je puisse avoir avec une personne immigrée est la qualité de son français. Toutefois, je remarque que les Québécois sont les plus grands dyslexiques dans toutes les personnes que j'ai pu connaître. Ce n'est pas une question de race ni même de langue qui me tracasse, c'est une question de qualité. Si je ne peux comprendre une personne, c'est extrêmement frustrant. Le SMS (Short Messages Service) me tue autant en français qu'en anglais. Ça, c'est mon véritable préjugé. C'est celui que je ne veux pas changer.

Pour mes autres préjugés, ils sont faibles et, heureusement pour tous, ils évoluent. Après mon expérience sur les agressions sexuelles, je suis allé me documenter, pour être plus au courant de la réalité. Quand j'ai mis le pied pour la première fois dans une usine, j'ai préféré apprendre sur les opérateurs de machine que de me fier aux nombreux ouï-dire. Par contre, certains préjugés ne regardent que moi. Si je trouve qu'avoir un centre d'achats accessible uniquement par voiture et situé dans un champ à 30 minutes de Montréal, je ne crois pas peiner le propriétaire. Ce sont ces petits préjugés qui font ma personnalité. Ils sont modifiables, mais par ma volonté uniquement. Je n'ai pas forcé pas mon ex à recycler et à composter, je l'ai fait simplement. Par diffusion (peut-être par rayonnement, même), j'ai pu lui transmettre cette valeur. Continuez de détruire des champs pour mettre des immeubles et continuez à écrire de façon à ce qu'il nous faille plus de temps pour déchiffrer qu'il ne vous en a fallu pour écrire et peut-être qu'un jour j'acquerrai cette mentalité.


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