2 avr. 2009

Ma traduction

Avant toutes choses, je vais essayer de tout mettre au clair. L'effet tunnel marche mieux sur les plus petits objets (les électrons par exemple). Certaines personnes essaieront de peser maintes et maintes fois sur leur mur avec un doigt en espérant qu'un jour, cedit doigt puisse traverser le mur. Du point de vue statistique, c'est possible, mais ça risque de prendre du temps. Un professeur au Cégep de Sherbrooke s'amusait à le faire depuis des années, sans succès. Si je dois reparler de cet effet tunnel aujourd'hui, c'est parce que certaines personnes pensent qu'un chat a une petite masse. Ils pensent aussi qu'en lui confiant une grande vitesse, il traversera le mur. J'ai reçu une plainte de la SPCA comme quoi j'incitais les gens à la cruauté animale avec cette photo comme preuve. Vous comprendrez ma tristesse et surtout ma stupéfaction. S'il vous plaît, si vous voulez faire des tests, lancer des graines de sésame, des sous noirs, mais déposez donc ce chat!

Plus sérieusement, ma journée comportait deux entrevues hier. La première en maintenance, domaine que j'avais exclu depuis l'expérience désagréable de mon dernier stage. Ici, 3 candidats. Si on oublie les forces et faiblesses de chacun, on peut s'amuser avec les statistiques et se faire croire qu'on a 33% de chance d'avoir un stage. Mes collègues/compétiteurs ont visiblement de moins bons résultats scolaires, mais j'ai l'impression qu'ils ont plus d'expérience que moi. En entrevue, on me demande pourquoi je retourne dans le carton. Très franchement, je n'ai pas appliqué sur ce poste et je ne l'aurais pas fait si j'avais eu le choix. Le service de stages de l'Université applique pour nous rendu à cette étape, sans nous demander ce qu'on en pense. Oui, on se fait tenir par la main dans le processus d'obtention de stage. Et croyez-moi, la main qui nous tient est celle d'un homme de 100 kg tout en muscle. Elle ne nous lâchera pas tant et aussi longtemps que nous ne serons pas placés. Bref, je suis là à chercher une raison motivant mon "choix". Les pâtes et papiers forment une grande partie de l'économie du Québec. Ça fait un peu partie de notre monde. De plus, il y a de beaux enjeux économiques et écologiques. Me voilà sorti, n'empêche que ça reste du foutu papier. Difficile d'innover sur un tel produit et je m'intéresse cent fois plus aux produits qu'aux procédés. Le gros avantage d'aller là-bas? Pas besoin de déménager, l'entreprise est réellement verte et, surtout, j'aurais un stage bien payé plutôt qu'un emploi temps partiel au Provigo.

Deuxième entrevue. Ici, 4 personnes retenues. Je me déplace dans un petit village nommé St-Léonard d'Aston. Ici, pas de machines bruyantes, pas d'odeurs dues à la fabrication de papier. On travaille dans un petit bureau bien tranquille avec des voisins qui écoutent Cité Rock Détente à longueur de journée. Bref, un endroit bien paisible. Le hic? C'est dans un endroit abandonné. Je suis né dans la campagne, j'aime la nature, seulement, je sais qu'il est difficile de trouver un logement dans ces circonstances. De plus, le village est encore plus laid que Bedford qui est un village composé d'anglophones et d'assistés sociaux. Je sais aussi que sans voiture, il y aura peu de choses à ma portée. Un dépanneur, un bar miteux et des champs. Ah oui, il y a aussi le fameux Madrid où l'on peut entendre Normand L'Amour, mais je ne peux m'y rendre sans voiture. L'autre hic, c'est que ce stage se résume en un mot: « Traduction ». Oubliez les mathématiques, le dessin technique, l'innovation, la qualité, la productivité. Ici, on ne cherche qu'à traduire. 15 semaines devant un ordinateur avec un dictionnaire à mes côtés. Voilà à qui se résumerait mon travail. C'est un défi, certes, mais pas le genre que je recherche normalement.

À un moment donné, je me suis même demandé si ce n'était pas un poisson d'avril. On m'offre un stage de traduction et, en entrevue, on me demande même de traduire 2 pages de français vers l'anglais et une page de l'anglais vers le français. Peut-être est-ce un test pour voir notre réaction face à tout cela. Peut-être que finalement le stage ne demandera que de faire des essais sur route d'une Ferrari... non, c'est réel. Bref, après avoir passé la plus mauvaise entrevue de ma vie, avec la pire offre d'emploi à vie, je ne demande qu'à m'en aller. De retour dans la voiture avec les 3 autres « postulants », tout le monde se croise les doigts pour ne pas être retenu. Un cellulaire sonne, ce n'est pas moi. Je n'ai pas de stage, mais au moins j'ai encore la possibilité de faire quelque chose de pertinent. C'est dans l'attente que l'on peut penser à ce que l'on veut vraiment.

Je ne sais pas ce qui m'attend. Je ne suis pas certain de vouloir le découvrir non plus. Quand je regarde autour de moi, je suis souvent déçu. Je regarde mon passé, même histoire. Je marche la tête basse. Je regarde à quel endroit mes pieds vont heurter le sol, sans prévoir aucun coup. On parle de la spontanéité comme étant une bonne chose, mais on en dit autant des gens proactifs. La nostalgie devient même quelque chose qui a du bon. Si le passé, le présent et l'avenir portent tous en un de bonnes choses, dites que la vie en général se porte bien. En grec, on divise le temps en 4 temps primaires et 3 temps secondaires. Le quatrième temps primaire est une action qui précède une action future, le futur-parfait. On parle du passé de l'avenir. Une sorte d'avenir de transition. En vivant chaque pas, je ne peux voir l'avenir, imaginez essayer d'estimer l'avenir de transition qui me mènera à un avenir certain. C'est comme si je disais qu'avant d'avoir mon baccalauréat, j'aurais fait tel projet ou tel stage. Comme vous voyez, il est difficile pour moi de déterminer quoi que ce soit. C'est pourquoi j'aime mieux ne pas y penser pour l'instant.


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