28 avr. 2009

Ma pelouse

Je trouve drôle l'influence des quatre saisons sur le Québec. Il est certain que les comportements diffèrent selon les gens et les lieux, mais il y a une chose assez commune en banlieue et dans les petits quartiers résidentiels selon les saisons et le temps. Après une longue hibernation, les gens se réveillent. Les temps où l'on ne voyait rien sur la rue mise à part une mère dévouée et brave qui promenait ses enfants dans ses bras, dans une poussette ou sur son dos (remarquez qu'on en voit parfois 2 des 3 en même temps) sont révolus! Faites place aux personnes âgées qui enfin peuvent profiter du soleil sans risquer le coup de chaleur ou la chute fatale qui briserait leurs os. Faites place aux jeunes (eh oui, certains sortent encore malgré les rumeurs) qui vont fièrement porter leur skateboard sous le bras. Faites place aux jeunes couples qui refusaient de sortir par temps froid sur de la glace dans la rue (oui, Rock Forest n'a pas de trottoir sur la majorité du territoire), enfin ils ont droit à la simplicité du printemps!

On fait place aux adeptes de vélo, ceux avec l'habit complet qui évacue toute transpiration tout en donnant un coefficient de traînée presque nul, le vélo en carbone et le petit logo sportif du magasin d'où tout cela provient. On ne voit plus les clochards qui trainaient 10 sacs d'épicerie remplis de canettes vides, ils sont masqués par les nombreux maillots jaunes. On dit également adieu à la neige, au sable et à la bonne «garnotte» québécoise. La ville s'empresse de balayer le tout des rues. Je suis d'ailleurs surpris lorsqu'on parle de nettoyage urbain. J'ai rencontré plusieurs personnes qui ignoraient totalement le processus de déneigement d'une ville, le nettoyage des rues ou, parfois, le nettoyage des trottoirs. Remarquez, c'est toujours mieux qu'à l'époque des balayeurs de rues. Voilà un bon bout de temps qu'on rend le tout beau.

Les voitures aussi sont belles. Certains n'ont même pas de voiture en hiver, ils n'ont qu'une voiture d'été. On sort nos modèles sport, on sort les motos, les scooters et, surtout, on profite des routes qui ne sont plus glacées. C'est ce que je trouve particulier au Québec. S'il faisait toujours chaud, nous serions peut-être plus modérés. Il n'y aurait plus ce boum du printemps où la testostérone vient couler comme l'eau d'érable à la chaleur. Les gens sont fous en avril. C'est à ce moment-là que les moteurs font du bruit, que les excès de vitesse sont les plus fréquents. Certes, il en reste en juillet, mais l'intérêt de la nouveauté n'est plus là, moins de gens y adhèrent. Vous êtes tous capables d'appuyer sur une pédale d'essence, bravo. Seulement, ça fait du bruit et tout le monde s'en contrefout. Si vous fabriquiez vos voitures, il y aurait un intérêt, mais finalement, à part poser quelques petits accessoires Canadian Tire, vous avez fait quoi sur votre voiture? Gardez vos petites hormones en dedans, vous n'êtes dotés d'un cerveau contrairement aux érables, ces hormones vous serviront peut-être mieux plus tard dans la journée qu'ils ne l'ont fait sur la pédale en plastique.

Viennent ensuite les pelouses. Les fameuses pelouses. On commence par nettoyer. L'hiver et surtout l'homme ont apporté divers objets indésirables. La petite «garnotte» vient généralement couvrir un bon mètre de pelouse. Plus loin, on retrouve des sacs de plastiques, de boites de Timbits, des enjoliveurs, des bardeaux et, parfois avec un peu de chance, la clé USB qu'on avait échappée durant l'hiver en pelletant. Bon, l'histoire date de l'an dernier, mais je jugeais pertinent d'en parler puisqu'elle fonctionne encore cette année malgré 3 ans d'usure, dont 4 mois sous la neige. Pourquoi nettoyer? Je dirais qu'il y a des avantages. Les vieilles feuilles laissées de l'automne passé empêchent un peu l'herbe de pousseur, de plus, il y a certainement avantage à enlever certains objets qui polluent ou des objets potentiellement dangereux pour des enfants qui pourraient passer (du clou à la seringue). Malgré cela, la principale raison du nettoyage est sans doute l'influence du voisin. Notez qu'encore une fois, je ne suis pas un modèle, j'ai raclé chez plus d'une personne cette année.

Viennent ensuite les nombreux conseils. Si nos mères ont chacun leur recette de spaghetti, les maîtres-tondeurs aussi. Notons que je n'utilise pas le terme banlieusard ici, plusieurs banlieusards ne tondent pas eux-mêmes et, de plus, je ne voudrais pas généraliser en ciblant uniquement des hommes, plusieurs femmes doivent s'occuper d'un terrain seules. Bref, nos chers maîtres-tondeurs vont tout faire pour marcher sur un terrain de golf. On commence par les petits trucs, bien simples, bien écolos comme ne pas ramasser l'herbe. Ainsi, on évite la dégradation des sols. L'herbe coupée est retournée à l'endroit même où elle a poussé, ce qui permet d'avoir autant de minéraux durant des décennies. En gros, si on veut l'équilibre, on doit donner les restes au berceau. Si on fait pousser du blé en Saskatchewan et qu'on le mange ici, au Québec, on doit envoyer le produit final en Saskatechwan. Eh oui, je parle de matières fécales, le sujet est étudié depuis plus longtemps en médecine que la fréquence cardiaque, mais il reste encore tabou, ce qui rend les "jokes" de merde drôles, du moins pour Cégeps en spectacle ou à En route vers mon premier gala juste pour rire. Je vais m'arrêter là pour les selles et l'urine, car je pourrais en faire un billet complet, ce qui n'est pas le but aujourd'hui, j'y reviendrai un jour peut-être. Pour l'histoire de gazon (pour ceux qui suivent), il y a aussi un autre bon petit truc, on laisse pousser. Le gazon a davantage de temps pour arriver à maturité. Le hic dans les deux cas, c'est qu'il est inacceptable en milieu urbain d'avoir de l'herbe coupée et non ramassée (ça fait sale et ça tache les jolis souliers blancs) ou d'avoir une herbe dépassant les 6 pouces de hauteur. Bon, il en existe sûrement d'autres, mais ce sont les deux principaux retenus de mon enfance.

Il est plus simple toutefois de tondre (ou de faire tondre) tout de suite, mettre de l'engrais et arroser artificiellement. Pourquoi se compliquer la vie et surtout, pourquoi se satisfaire d'un terrain laid? Malgré vos nombreux investissements en engrais, pesticides et insecticides, votre terrain n'a toujours pas l'air d'un terrain de golf? Qu'à cela ne tienne, achetez des mottes de gazon. Ça vient en rouleau et il a suffi de gaspiller une autre terre arable uniquement pour reproduire la même chose que ce que votre terrain aurait pu faire. Ça, c'est du développement urbain! Les terres agricoles ne font pas de la nourriture pour la ville, elles embellissent leurs pelouses. La nourriture, on n'a qu'à la faire venir du Chili, de toute façon, personne ne veut travailler sur les fermes au Québec, on emploie des Mexicains pour l'été. On les loge à Saint-Hyacinthe ou ailleurs en Estrie pour 4 mois, puis ils repartent. Que reste-t-il de local dans tout cela?


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25 avr. 2009

Ma fin de session

Belle journée aujourd'hui. On se serait presque cru en été, 27 °C! Rien de bien frustrant pour moi puisque ma session est terminée. Me voici enfin dans ma "session" d'été. Vais-je travailler avec une super équipe Provigo, vais-je avoir un stage ou est-ce que je passe l'été sur un siège de vélo? Chose certaine, je devrai faire quelque chose. Si je dois passer mon été assis devant un écran d'ordinateur et un livre sur le langage CSS ou sur les macros, je risque fort d'en devenir malade, plus que je ne le suis déjà.

Ma fin de session n'a pas été des plus agréables. Bien que tout, ou presque s'est déroulé sans incident, je n'en suis pas fier. J'ai passé environ 2 heures d'études pour l'ensemble de mes examens. Jusqu'à présent, les résultats sont bons, mieux que lors du restant de l'année. Mon manque de motivation ne m'a pas nui, il m'a simplement affaibli. Comment se motiver pour des examens où l'objectif est simplement de refaire un exercice de la même façon qu'il a été fait précédemment en classe? Qui mieux est, cet exercice est exactement le même. Des examens résumés, quoi. Parfois, on varie, on utilise des unités impériales plutôt que métrique, parfois la poutre est encastrée dans un mur à droite plutôt qu'à gauche. La grosse affaire, sommes-nous vraiment assez idiots pour ne pas faire le lien avec ce qui avait été vu 3 semaines plus tôt? Il semblerait que oui. Certaines personnes oublient des détails simples et ça leur nuit énormément. Bref, ce qui fait baisser le plus les notes ce n'est pas la non-compréhension générale de la matière enseignée, mais plutôt le manque de démarche et de connaissances personnelles.

C'est navrant. On ne vérifie pas le cours, mais la personne, ce qu'elle a retenu au cours des autres années de sa scolarité. Dans mon cas je suis chanceux (ou talentueux si me tenez en bonne estime), je ne manque pas de connaissances générales. Comme certaines personnes vous diront: «Ce qui est bien au Cégep, c'est que l'on comprend, ce qu'on a fait au secondaire. À l'Université, au bac, on comprend notre Cégep et à la Maîtrise, on comprend enfin notre bac.» Peut-être est-ce la raison des postdoctorats? Le type d'examen présenté plus tôt, disons le n° 1, s'accorde bien avec cette mentalité. Une personne échouera si elle oublie son secondaire et son Cégep. C'est assez logique d'ailleurs. Je vois difficilement un ingénieur qui n'arrive pas à faire la différence entre un mL et un mm³ (je donne cet exemple, car je l'ai vu) exercer son métier de façon professionnelle.

Le deuxième type d'examen qu'on rencontre souvent c'est l'examen d'évolution/de débrouillardise. Il est plus rare que le premier et est généralement détesté de tous. Encore une fois, il s'agit d'un examen où l'envie d'étudier est très faible. Non pas parce que je connais déjà la réponse grâce à ma bonne rétention d'informations, mais plutôt parce que l'étude ne mène à rien. L'examen se veut être un défi. Toutes les notes de cours, tous les exercices, tous les textes fournis sont différents de l'examen. C'est une occasion de réfléchir face à un problème. On testera plutôt la débrouillardise ici. Un autre reflet de la société. Un moteur brise, que fait-on? Parfois, on n'a pas les ressources nécessaires, on essaie alors d'avoir une solution rapidement et surtout efficacement. Les connaissances générales aident certes, mais la personnalité est le plus grand influent.

Si l'examen n° 2 est si haï, c'est qu'il est extrêmement difficile de valider ses résultats. On essaie surtout de se fier à son jugement ou à son expérience pour voir si ça a du sens. Pour la démarche, on espère simplement avoir choisi la bonne et l'avoir bien fait. En tant que prof, ce doit être plutôt compliqué de corriger ce type d'examen. On se rapproche presque d'une dissertation. Chaque copie d'examen est différente et on évalue la qualité, l'originalité. Le premier type d'examen est très simple à corriger. C'est presque un vrai ou faux. Ce type nécessite un jugement, on ne peut l'envoyer à un ordinateur de correction ou à un chargé de cours inexpérimenté.

Finalement, le troisième type d'examen rencontré souvent dans mon domaine. l'examen inversé. Je ne crois pas que ce type d'examen se retrouve dans beaucoup de domaines. L'examen inversé est simple. On habitue un élève à créer une chose, imaginons un élève qui crée des plans pour des pièces toute l'année. L'examen inversé viendra "surprendre" l'élève en lui montrant un plan. On lui demandera d'analyser, d'expliquer et d'améliorer ce plan. C'est peut-être le type d'examen où l'étude pourrait me motiver un tant soit peu. L'examen touche réellement ce qui a été vu en classe puisqu'il faut comprendre une démarche avant de pouvoir penser à une démarche inverse. Elle diffère parfois peu, parfois beaucoup. Il n'existe pas de solution miracle pour arriver à ses fins, mais on peut facilement valider notre démarche en comparant notre solution au problème de base.

Je dis que ce genre d'examen ne se retrouve pas dans tous les domaines, car peu de gens cherchent à optimiser. En sciences humaines, on va plutôt faire des révisions. On analyse la société ou un groupe de personne et on compare avec les idées antérieures. Si on n'arrive pas à valider, on réitèrera. En génie, on ne peut pas souvent réitérer. Bien que cette approche peut mener à de grandes découvertes, on essaiera plutôt d'améliorer un produit existant, souvent un produit de la compétition. On appelle ça de la rétro-ingénierie. On regarde ce qui a été fait et on fait mieux avec ce qu'on sait/ce qu'on a. Dans certains cas, l'optimisation ne suffit plus. On a beau rendre des voitures plus économes, on réalise qu'on est limité par le moteur à essence. On recule alors un peu plus loin et on change de type de moteur.

Trois grands types d'examens, très peu de motivation pour les trois. Heureusement pour moi, je risque d'être un peu plus motivé par mon été, peu importe si je travaille ou si je m'amuse. L'important c'est de faire un des deux et de ne pas rester à rien faire comme ce fut le cas lors des deux dernières semaines avec ces petites évaluations.



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22 avr. 2009

Mon pirate

Yarrrrr! (voir vidéo pour les personnes peu familières avec mon cri de pirate)

Voilà trop de temps que je n'écris plus sur mon blogue. J'écarte toujours les apparitions sur mon clavier et la culpabilité se fait sentir. J'en suis fort attristé. Ce n'est pas que je vois ce blogue comme un devoir à faire pour mes 2-3 lecteurs, mais plutôt par intérêt personnel. À force de ne pas écrire, j'oublie des sujets qui me venaient en tête. Peut-être devrais-je me contenter de poster des titres les jours où je n'arrive pas à sortir 1000 mots. Ça manquerait de contenu un peu. De plus, c'est plutôt difficile de réfléchir en 5 mots. C'est encore plus difficile quand on revient 6 mois plus tard et qu'on se demande vers quoi on s'en allait. Bref, je veux des billets de qualité.



Je pourrais dire que ce délai est dû à la fin de session. Cette dure dure fin de session. Un rapport de 50 pages à remettre, 5 examens un à la suite de l'autre. Ouf, comment survivre? Rien de plus facile, faites le rapport vous-même et n'attendez rien de vos confrères. Pour ce qui est de l'étude, limitez le tout à 2h. Ça a bien marché, il suffit de connaître ses forces et ses professeurs pour limiter l'étude au maximum.

Je voudrais parler aujourd'hui du P2P (Peer-to-peer). C'est une méthode fort simple d'échanger des fichiers entre ordinateurs. Contrairement aux courriels, le P2P n'est pas limité en taille. Résultat, de gros fichiers comme des films, des jeux, des logiciels s'y retrouvent. Bref, je crois que tout le monde ou presque en a déjà entendu parler. Ce qui se passe ces derniers jours, c'est qu'un des plus grands sites faisant la promotion de ce type d'échange est trainé en cours. The Pirate Bay était (et est toujours) la référence en la matière. Seulement, à force de voir des programmes se faire pirater, on a décidé d'enfermer les créateurs du site pour 1 an. Je ne parlerai pas du jugement, je crois que les avocats débattent suffisamment là-dessus. En fait, je veux surtout souligner l'importance de P2P.

D'abord, ce que l'on qualifie de "pertes". Personnellement, si un logiciel intéressant n'est pas dans mon budget, je ne l'achète pas. Si 100'000 copies sont téléchargées, il est faux de dire que la compagnie aurait pu vendre ces 100'000 copies. En réalité, la majorité des gens auraient opté pour une solution plus simple qui serait gratuite. Les "pertes" de l'industrie annoncées aux nouvelles sont donc généralement bien au-dessus de la réalité. Ensuite, on dira ce qu'on voudra, mais le but premier du P2P était l'échange de fichiers entre personnes. Des fichiers on ne peut plus légaux qu'une personne désire partager avec d'autres. Parfois de manière restrictive, parfois en toute transparence.

Le point le plus important reste quand même l'accessibilité. Une chanson peu connue peut facilement disparaître s'il n'y a qu'une maison de disques qui la gère. Ainsi, si je décide d'acheter un disque d'un petit groupe qui n'a un qu'un seul succès, il y a 10 ans, impossible pour moi de le trouver dans un magasin. Une chanson partagée parmi des milliers d'utilisateurs est facilement accessible. De plus, elle est archivée à de nombreux endroits, ce qui limite énormément le risque de pertes.

Est-ce possible d'imaginer qu'un jour le travail des gens sera fait uniquement avec une bonne intention? Personnellement, j'aime me dire que le travail que je fais peut servir à d'autres. La seule chose qui compte pour moi c'est d'être le principal intéressé par l'un de ces exercices. J'écris sur ce blogue pour moi d'abord et avant tout, je ne le cacherai pas. Par contre, j'aime quand quelqu'un vient me poser des questions quitte à défaire mon idée. En étant plus transparent, on en apprend davantage sur les autres et sur nous-mêmes. J'ai rencontré des gens qui refusaient catégoriquement d'exposer leurs travaux, et ce, même si nous étions dans la même équipe de projet. Ces personnes développent certes une grande autonomie, mais le manque de transparence élimine toute comparaison et toute critique. Est-ce la peur qui les guide vers ce choix?

Les artistes/compagnies/développeurs aiment vendre leur logiciel. Toutefois, on remarque dans un autre monde, celui de Linux ou de OpenOffice par exemple, des gens qui créent des logiciels pour eux, pour répondre à leurs besoins. Ils réalisent par la suite que ça pourrait servir à d'autres. Le but premier est vraiment l'utilité et non la vente. Les logiciels sont peut-être moins beaux, mais ils peuvent être adaptés. Certains aiment prendre une chanson et la modifier selon leur goût. On fait des petits mixages, ça sonne mieux à notre oreille. Je l'ai déjà dit, nous sommes des nains sur des épaules de géants. Si ces géants n'avaient pas écrit toutes ces choses, si chaque découverte était restée cachée dans une grotte, dans une cave ou dans un garage, nous devrions découvrir la roue à chaque génération.


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17 avr. 2009

Ma biodiversité

Je me demande souvent si les gens sont aussi fous que moi. Qu'y a-t-il de mieux dans la vie que de comparer deux choses pour déterminer laquelle est la meilleure? Lorsque vous achetez des pommes, vous allez regarder laquelle semble la plus ronde, la plus normale, ce qui, à votre avis, donnera une pomme de meilleure qualité. Il est aussi possible de se comparer à une actrice américaine pour voir si vous êtes aussi désirable qu'elle (notez que je parle ici surtout des filles). Bref, on juge de la qualité en comparant un ou deux caractéristiques qui nous tiennent à coeur personnellement. On fait fi de tout le reste.

Pourquoi ne pas laisser la chance aux autres? La McIntosh qui a un peu de vert dessus et qui a même certaines lignes sans couleur, c'est-à-dire brunes, est peut-être encore plus savoureuse que l'autre à côté. Le mieux, c'est d'essayer un peu de tout. Parfois, ce n'est pas toujours le plus beau soulier qui va aller le mieux à votre pied, ça vaudrait peut-être la peine d'essayer les autres modèles. Ah oui, pardon, j'avais oublié. La plupart des gens se soucient de leur apparence et non de la santé de leurs pieds. C'est drôle, mais personnellement, je ne regarde pas les souliers chez une personne à moins de devoir chercher une place pour mettre les miens sur le tapis d'entrée.

Toutes ces petites manies de chercher "le plus solide", "le meilleur", "le plus rapide" et "le plus fort" (noter ici une petite allusion à Daft Punk) semblent ne vouloir jamais disparaître. On veut des voitures plus performantes avec une bonne accélération, une bonne vitesse maximale et un faible coût d'essence. On pourrait voir les choses autrement et se dire de ralentir tout simplement. Une voiture roulant à 50 km/h pourrait facilement avoir un meilleur rendement, mais... nous ne sommes pas prêts à sacrifier notre 100 (ou 120-130 dans certains cas). Remarquez, avec des voitures limitées à 50 km/h, on aurait peut-être plus de trains. Je parle de trains, car c'est sans doute l'un des moyens les plus propres pour des vitesses supérieures à 100 km/h. Plusieurs le savent, le Canada a un réseau ferroviaire qui ne privilégie pas vraiment les voyageurs, mais surtout les marchandises. Serait-ce une chose à modifier?

J'ai précisé que le train offrait probablement le meilleur rendement pour une si grande vitesse. Toutefois, j'ai lu récemment (je n'ai pas le nom de l'article, désolé pour les sceptiques) que le vélo était probablement le moyen de transport offrant le meilleur rendement toute catégories. Vous comprendrez que sa mécanique simple l'aide énormément (pas trop de frottement, pas d'électronique, etc.), mais ce qui le différencie d'une trottinette, des patins à roues alignées et même de la course, c'est son ergonomie et ses rapports de vitesse. C'est une machine bien adaptée à notre corps et j'espère un jour trouver un moyen d'améliorer encore cela.
Je m'éloigne de plus en plus de mon sujet. J'ai beau parler de laisser la chance aux autres, je suggère à tous de ne vivre qu'avec des souliers et un vélo. Remarquez, il y a une grande panoplie dans chaque catégorie. On peut avoir le vélo de route, le vélo de montagne et le vélo hybride. De ces 3 catégories, on a plusieurs sous catégories comme le vélo de descente, le vélo de cross-country, le "hardtail", la suspension complète, les 29ers, les single speed, les cruisers, etc.

La raison pour laquelle mes idées ne semblent pas converger est toute simple: elles ne convergent pas! D'un côté, j'espère que tous peuvent avoir une chance quelque part. Que ce soit dans un travail ou relationnel, chacun peut apporter quelque chose d'unique. Si vous ne jugez qu'avec vos expériences passées ou avec vos préférences (qui sont très arbitraires avouons-le), vous risquez de passer à côté de nombreuses surprises. Elles ne sont pas toutes plaisantes, mais elles offrent toutes soit de beaux défis, soit une grande satisfaction.

Ce qui me pousse à penser le contraire, ce sont mes expériences et mes préférences. Comme je suis quelqu'un qui n'aime pas les mauvaises surprises, j'essaie d'éviter de me lancer dans n'importe quoi. En même temps, je ne demande pas le meilleur. Je suis un peu comme une personne âgée et bornée. J'ai mes vieux outils et ils marchent encore. Je ne vais pas chercher un outil plus performant et je ne vais pas regarder non plus les nouveautés à la télé en me disant que je pourrais bien essayer pour voir. En gros, je suis simplement trop lâche pour aller chercher du nouveau. Résultat, lorsque j'ai un dégât d'eau à la maison, j'utilise la vieille technique des serviettes pour éponger. Eh non, je n'ai pas de ShamWow! (petit détail, ce type a été arrêté fin mars pour avoir battu une prostituée, cliquez sur la photo pour les détails croustillants d'une personne totalement étrangère gracieusement offerts par la presse américaine).

Bref, je suis là ce soir à me questionner. Qu'est-ce qui est le mieux?

A) Un maximum de diversité : On découvre de nombreux talents et plusieurs phénomènes, mais on perd tout sens de l'efficacité, on tombe dans le n'importe puisqu'il n'y a pas de structure. On jette énormément de choses puisqu'elles sont inutiles. Les Japonaises aiment bien cette approche côté vêtements ces derniers temps. Chacun accessoirise ou crée. Elles se promènent ainsi dans la rue. avec leur création, c'est normal pour elles, c'est une façon de s'exprimer. C'est magnifique et amusant, mais combien de retailles doivent être jetées? Combien de fois le manque de pratique (ou de talent) a donné des résultats désastreux? Du point de vue humain, par contre, c'est le meilleur choix. Chaque personne qui peut créer quelque chose en est fière et peut s'exprimer plus librement. Que ce soit par ses vêtements, ses attitudes ou par ses idées. Devrait-on supprimer les lois pour laisser pleine liberté à chacun? Il reste encore un fondement à la liberté. La liberté d'une personne s'arrête là où commence celle de l'autre.

B) On garde uniquement le meilleur : Un seul modèle de voiture. Amélioré d'année en année, chaque problème serait connu et pourrait être réglé. On perdrait la grande créativité dont j'ai pu jouir aujourd'hui en voyant cet autobus modifié à la façon des années 70, mais on sauve énormément d'espace pour des usines diverses puisque tout le monde s'habille de la même façon, mange la même chose et achète les mêmes produits. On tombe dans le même monde que celui qu'offre l'armée. Un monde bien géré, mais sans valeur humaine. Du point de vue écologique et économique, c'est le meilleur choix. Du point de vue humain, on peut tomber dans l'eugénisme comme au début des années 1900 dans des pays tels la France, les États-Unis, le Canada (notamment les Métis en Alberta) et la Grande-Bretagne (remarquez qu'on accusera Hitler d'être à la base de cela, mais même s'il a abusé de cette idée, il n'en est pas l'auteur). On peut aussi commencer à faire de la sélection prénatale afin d'avoir des humains sans maladies, sans cancer et sans handicap.

C) On continue comme on le fait maintenant : On apprécie la diversité, on fait croire que c'est une chose importante, mais uniquement par égoïsme. La véritable raison est que chaque personne aime penser avoir pris le meilleur afin d'être pleinement satisfaite. La McIntosh un peu plus pâlotte n'est donc pas achetée par le premier client. Celui-ci se dit qu'il y en a une plus belle. Le deuxième client, lui, trouvera qu'entre une pomme pâlotte et une pomme avec un petit trou de ver, la pâlotte est plus appétissante. Le dernier client, finalement, aura 2 choix. Soit il se dira que même si c'était la dernière, elle sera savoureuse; soit il se demandera au gérant de jeter cette pomme et de lui en apporter des nouvelles.

La diversité sert uniquement nos intérêts et rarement ceux des autres. Ce n'est pas la méthode la plus efficace, et, d'un point de vue local, elle est très coûteuse pour l'environnement (on fabrique des tomates en hiver, on importe du bambou, on exporte l'érable). Je veux bien admettre que les gens ont besoin de cela pour être heureux, mais il ne faut pas être hypocrite. En ayant une grande diversité, on a du mépris pour de nombreuses choses. En s'achetant la plus jolie paire de souliers ou le meilleur vélo, on revient à dire que les autres ne nous arrivent pas à la cheville. Si autant de gens veulent de la diversité, c'est pour s'imaginer être unique. Je ne suis pas unique. Chacune de mes idées a déjà traversé l'esprit d'un autre. Chaque fois que je crois avoir bien réussi une chose, des milliers de personnes auraient fait mieux. On aime la diversité, car on regarde en bas. Plus il y a de monde, plus on est heureux. Regardez en haut un jour, vous verrez que peu importe le nombre de personnes ou le nombre de marques de souliers, vous êtes généralement au centre de tout cela. À quoi bon piler sur plus de gens si plus de gens vous pilent dessus?


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15 avr. 2009

Ma coupe de cheveux

Pâques, une occasion de voir sa famille, une occasion d'être malade d'avoir trop mangé et surtout une occasion de prendre congé un petit bout de temps de toutes ces choses qui nous stressent. Remarquez, tout le monde n'a pas cette chance puisqu'une personne devait me passer en entrevue le Vendredi saint. Une autre qui s'est soldée en un échec total. Gardez-moi une place au Provigo, il se peut que j'aie à y retourner un été de plus.

En voyant certains membres de ma famille ce dimanche, j'ai eu de nombreuses craintes, surtout en ce qui trait à mes cousins. Les deux qui étaient présents ont 28 et 32 ans. Ils sont déjà recouverts à 50% de cette couleur étrange qu'est le gris. Si jeunes et déjà de tels signes de vieillesse. Que se passe-t-il? Comment ces personnes avec qui je lançais des fusées à pression il y a quelques années ont pu passer à la phase "vieux" en si peu de temps? Je n'ai pas peur d'avoir l'air vieux plus tôt que prévu, ce qui me trouble n'est pas l'idée d'avoir les mêmes gênes capillaires qu'eux, mais plutôt d'avoir les mêmes gênes comportementaux. Malgré leur âge avancé, mes cousins n'ont pas de blonde sérieuse. En fait, je ne les ai jamais vus avec une fille de ma vie. La rumeur veut qu'ils ont chacun eu quelqu'un plus jeunes, mais aujourd'hui, nada. L'un est toujours aux études et l'autre semble ne rien avoir mis à part son travail.

Pourquoi à cet âge n'en sommes-nous pas à commencer à faire nos propres fêtes? Lorsque j'étais jeune, mes parents dans la trentaine ne voyaient plus leurs cousins, leurs tantes ou leurs oncles. Une nouvelle branche solide et autonome de la famille était créée. Lorsque je regarde la branche où nous sommes aujourd'hui, mes espoirs sont bien maigres. Du côté de mes cousins, un seul semble se diriger vers une famille, vers une vie telle que nous sommes habitués de voir. Du côté cousines, ou plutôt cousine, j'ai franchement l'impression qu'elle se dirige vers un travail omniprésent, oubliant sa famille et ses relations. Il me reste qui? Ma soeur? Elle est en avance, elle a déjà sa petite famille. Petit hic, la branche a poussé du côté du mari, notre famille se contente de regarder au loin. Côté frères, l'un ne pourra jamais en avoir étant donné sa condition et l'autre n'arrive toujours pas à être autonome plus que quelques mois. Il risque de retourner vivre chez mon père très prochainement n'ayant plus d'argent et ayant quitté son emploi.

Bref, j'ai peur. Peur de tout perdre. Peur de voir ma famille incapable d'évoluer. J'ai appris à oublier le secondaire et ces amitiés malheureusement trop souvent désuètes pour être agréables aux deux intéressés. Que fait-on par la suite? Comment se détache-t-on de la famille souche? Quand arrêtons-nous de voir nos tantes? Si à 32 ans mon cousin n'a toujours pas trouvé, le pourrais-je? J'espère que oui. En voyant mes cousins, j'ai au moins pu réaliser certaines choses. Mes souvenirs sont plus forts. On peut discuter d'événements passés et malgré mon plus jeune âge, j'en retiens beaucoup plus de détails. Ma vision me mène aussi plus loin. Je sais pertinemment que lorsque mes grands-parents mourront, je ne verrai plus ma famille éloignée, et ce, avec ou sans attachements externes. Je ne veux pas avoir ces cheveux gris tant que je n'aurai pas de véritable vie. Je ne veux pas vieillir tout en restant aussi immature en dedans.

Mon frère de 21 ans se fait encore appeler «mon grand ado». En sera-t-il toujours ainsi? Son parrain vit encore chez ses parents et a 40 ans... y a-t-il eu évolution à un moment quelconque de sa vie? Je réalise que depuis que je vis seul à nouveau, mes vieilles habitudes reviennent. Je régresse. Mon alimentation est moins variée, mon relevé de carte de crédit se limite à 83% à mon épicerie, je ne sors plus, je ne m'intéresse plus à des domaines qui m'étaient étrangers, je ne parle plus, etc. Tant qu'à régresser, il ne me restait plus qu'une chose à faire. Raser mes cheveux comme j'en avais l'habitude auparavant. Adieu cheveux. Lorsque les cheveux gris pousseront dans quelques années, on les verra quand même. J'ai beau me raser, on se demandera pourquoi cette couleur a apparu si je suis toujours le même qu'à mes 18 ans.


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11 avr. 2009

Mes préjugés

On dit de moi que je suis une personne pleine de préjugés. C'est vrai. C'est un énorme défaut aussi et je m'en rends plus que compte. Le passage qui suit risque de choquer certains, ce n'est pas mon intention. Il y a deux ans, on m'aurait demandé mon opinion sur les victimes d'agressions sexuelles. Ça peut paraître étonnant, mais c'est le genre de question que je ne me pose pas souvent. Peut-être est-ce le sujet plutôt lugubre ou alors la peur de devoir épauler une personne qui vient me tend une perche au moment où je m'y attends le moins, mais je manque d'opinion là-dessus. Que faire? J'ai pris la mauvaise décision de dire n'importe quoi, juste pour donner semblant d'avoir une opinion. Un peu comme le gars qui croit connaître son chemin, je m'enfonçais de plus en plus loin sur une route qui m'est totalement inconnue, refusant de faire demi-tour.

Comme je ne m'y connaissais pas en la matière, j'ai décidé de toucher toutes les opinions possibles. En politique, cette décision peut marcher si on reste au centre. On ne prend jamais de position, mais on oscille un peu partout, on présente des faits peu pertinents et surtout, surtout, on prend un petit temps de réflexion avec une merveilleuse phrase clé du genre: «Je vous remercie de cette question» ou «Vous savez, je crois qu'il y a plusieurs Québécois et Québécoises qui se posent cette question en ce moment et je bien content(e) de pouvoir y répondre». Dans mon cas, je n'ai pas ce réflexe. Les choses sortent tout de suite ou alors elles ne sortent jamais. Pour mon opinion vis-à-vis les agressions sexuelles, ça a été tout de suite. Bon, je tiens en haleine les mots utilisés il y a deux ans, ce n'est pas pour un effet de suspense, c'est simplement que j'en suis peu fier et qu'ils ont de la difficulté à faire surface. Allons-y directement. Parmi mes multiples opinions (sans fondement pour aucune), j'ai choisi, à un moment donné, la mauvaise. J'ai carrément dit que si certaines personnes étaient assez dérangées pour agresser des gens, notamment des mineurs, il serait peut-être plus facile pour les victimes ou cibles d'éviter de se mettre dans ce genre de situation. On a beau essayer de rattraper en disant: Oui, mais si la fille va seule dans une ruelle en revenant d'un bar à moitié saoule, etc.

Bref, vous voyez le topo, j'étais rendu au fin fond du 4e rang, au poste de douanes américaines, alors que je cherchais l'autoroute 40. Un peu comme Anh Minh Truong avec son film «Entre nous et nulle part», je vais dans une zone où les mots se ressemblent, mais où la mentalité est totalement différente. Bref, toutes mes connaissances ne me servent à rien, elles vont même causer ma perte puisque ce sont des préjugés horribles. Pour informations, il s'agit d'un film où 3 personnes décident d'aller à Sherbrooke, au Dakota du Nord (la ville existe vraiment, voir la photo pour un lien). Je suis rendu au Dakota et je cherche toujours les autobus de la STS pour rentrer chez moi le plus rapidement possible.

Je continue à m'enfoncer, regard frustré de la personne à qui je parle, énorme sentiment de culpabilité en moi, ce sont des petites choses normales quand vous admettez votre erreur. Le gros problème, c'est que cette erreur a fait ressortir mes préjugés. Je vois bien aujourd'hui mon erreur, mais je sais pertinemment qu'il m'en reste encore des milliers, dans ce domaine ou dans d'autres. Si on croit que je suis un extrémiste qui crie sur tous les toits que toutes les femmes violées l'ont cherché, que les noirs sont tous idiots ou que le Canadien ne fera gagnera jamais la coupe cette année, c'est mal me connaître (sauf peut-être pour le 3e item). En admettant que chaque sujet ait un milieu juste (appelons-le le 50). Dans ce cas, mes idées sont très souvent entre 30 et 70. Seulement, en cas de panique, les gens peuvent dire n'importe quoi. Pour cela, je peux avoir l'air d'être dans le 10 ou le 90. Vous voulez une autre preuve?

Plusieurs personnes me voient comme un raciste. C'est vrai que je parle à peu de personnes venant d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud. Remarquez, je ne parle pas aux blancs non plus. Comme on me le dit si bien, je suis antisocial. Toutefois, si n'importe qui vient me voir et me parle, je ne regarde pas de quel endroit il vient. Par la suite, je vais tenter de le découvrir, car j'aime apprendre sur les différents pays, leur politique, le style de maisons, les arbres là-bas, etc. Le plus gros préjugé que je puisse avoir avec une personne immigrée est la qualité de son français. Toutefois, je remarque que les Québécois sont les plus grands dyslexiques dans toutes les personnes que j'ai pu connaître. Ce n'est pas une question de race ni même de langue qui me tracasse, c'est une question de qualité. Si je ne peux comprendre une personne, c'est extrêmement frustrant. Le SMS (Short Messages Service) me tue autant en français qu'en anglais. Ça, c'est mon véritable préjugé. C'est celui que je ne veux pas changer.

Pour mes autres préjugés, ils sont faibles et, heureusement pour tous, ils évoluent. Après mon expérience sur les agressions sexuelles, je suis allé me documenter, pour être plus au courant de la réalité. Quand j'ai mis le pied pour la première fois dans une usine, j'ai préféré apprendre sur les opérateurs de machine que de me fier aux nombreux ouï-dire. Par contre, certains préjugés ne regardent que moi. Si je trouve qu'avoir un centre d'achats accessible uniquement par voiture et situé dans un champ à 30 minutes de Montréal, je ne crois pas peiner le propriétaire. Ce sont ces petits préjugés qui font ma personnalité. Ils sont modifiables, mais par ma volonté uniquement. Je n'ai pas forcé pas mon ex à recycler et à composter, je l'ai fait simplement. Par diffusion (peut-être par rayonnement, même), j'ai pu lui transmettre cette valeur. Continuez de détruire des champs pour mettre des immeubles et continuez à écrire de façon à ce qu'il nous faille plus de temps pour déchiffrer qu'il ne vous en a fallu pour écrire et peut-être qu'un jour j'acquerrai cette mentalité.


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8 avr. 2009

Ma marche forcée

Je disais l'autre jour que le service des stages de l'Université nous prenait par la main. Parfois, c'est bien involontaire, mais ça reste toujours vrai. J'ai eu droit à un bel exemple hier. Mes démarches personnelles m'avaient finalement donné une occasion de passer une entrevue seul, le genre d'entrevue «go / no-go» quoi. Si l'employeur ne me veut pas, le poste reste vide. Bref, sa principale préoccupation est «l'homme en face de moi peut-il m'aider?» plutôt que «on me demande de remplir tel et tel objectif, quel candidat me semble le plus apte?» La différence est plutôt subtile de cette façon, peut-être suis-je le seul à m'imaginer qu'il y en a une aussi. Dans les faites, voici ce que je veux dire.

L'employeur ne cherche pas à combler un poste, il essaie simplement d'améliorer son entreprise. L'objectif n'est pas précis, il sera fait selon les intérêts et les forces de la personne choisie. C'est comme si au lieu de me dire que je devrais m'acheter un chandail pour remplacer mon vieux, je décidais d'aller au centre d'achat dans l'espoir de trouver quelque chose, n'importe quoi, qui puisse me donner envie de le porter. Je sais, ça paraît bizarre comme exemple venant d'un homme, mais ne me jugez pas. En gros, je veux simplement dire que j'aime cette approche, car elle va chercher les véritables forces des gens plutôt que de forcer une personne à correspondre au poste.

Parfois, on est forcé malheureusement d'être une pièce de remplacement. On aura beau faire ce qu'on voudra, un emballeur d'épicerie ne peut pas vraiment changer les choses. Il y a les boîtes de suggestions dans certains endroits, mais généralement on demande à une personne qui ne connaît pas les tâches effectuées de chercher un moyen d'améliorer les choses. On a eu droit à un bel exemple de remplacement aujourd'hui. Après la démission de Mme Jérôme-Forget, on a cherché un candidat qui lui ressemblait un peu. Comme nous n'avons pas 50 000 députés, on en prendra un qui lui ressemble. Bon, les nez se ressemblent un peu, mais sinon ils ont des visages complètement différents!

Une chose m'a réellement choqué aujourd'hui. On a demandé à Mme Jérôme-Forget si elle aurait voulu faire plus, si elle regrettait de quitter après seulement 4 mois. Elle a répondu qu'entre faire un autre budget ou passer du temps avec sa petite-fille Zoé, elle préfèrerait sa petite fille. Je crois aussi en la famille, peut-être moins intensément qu'elle, mais j'y tiens malgré tout. Lorsqu'on devient ministre des Finances, on accepte de consacrer notre temps aux autres. Faire un autre budget touchera 7 millions de personnes, dont plusieurs milliers qui sont en situation critique. La petite Zoé a des parents qui, je l'imagine, lui donnent déjà l'attention dont elle a besoin. Oui, il y a la vie avant la politique, mais il y en a dedans aussi, il ne faut pas l'oublier. Quand je pense à mes anciens collègues dans l'armée, je vois des gens qui savaient dès le départ que leur choix demanderait d'énormes sacrifices familiaux. Des gens qui, la veille d'un départ forcé pour l'Afghanistan, acceptaient de dire au revoir. Ces hommes n'ont pas un très grand rôle. Un soldat de plus ou de moins envoyé ne changera pas la vie de 7 millions de personnes. Pourtant, ils y vont quand même.

Lorsque j'apprends qu'une ministre qui connaissait dès le départ la situation économique et tous les enjeux et sacrifices reliés à celle-ci dire qu'elle ne veut pas sacrifier son temps avec ses petits enfants, ça me met hors de moi. Contrairement au fantassin, vous êtes le pivot, vous êtes à la tête des finances du Québec en entier. Vous avez aussi le pouvoir de faire tomber le parti Libéral pour 10 ans en gaffant dans votre travail. Je sais depuis longtemps qu'en allant en génie, je risque de faire des sacrifices moi aussi. Lorsque je serai responsable de projet, la sécurité de certaines personnes sera en cause. Lorsque la situation sera critique, je me serai préparé à ce sacrifice. Il se peut que je ne puisse voir mes enfants que 5 heures par semaine pendant un mois entier. Il se peut que je sois forcé d'aller au Brésil 2 semaines malgré mon désir de passer du temps avec ma famille. En ce moment, la vie de certaines personnes est en jeu. Sur les 7 millions d'habitants, certains ne peuvent plus payer leur maison. Je suis persuadé que plusieurs enfants mangent moins, ou alors autant, mais de qualité douteuse. La santé psychologique et physique de plusieurs personnes est en jeu. À l'heure des sacrifices, il serait préférable de voir grand-maman aider un peuple entier plutôt qu'une petite fille qui n'aura que de vagues souvenirs plus tard de ses après-midi dans le salon.


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Hier, j'ai rencontré une fille de mon école secondaire au centre-ville de Sherbrooke. Personnellement, j'ignorais qui elle était. Une certaine Catherine Brault. Je regarde dans mon vieil album, elle existe. Elle existe. Par contre, elle a beaucoup changé. Plus que moi, ça, c'est certain. Comme j'ai dit dans mon dernier billet, mon extérieur n'a pas vraiment évolué depuis quelques années. Ce qui est étrange, c'est qu'elle ne m'a jamais parlé en 5 ans de secondaire. Pourquoi les gens se parleraient davantage maintenant? Parce que « oh on vient du même coin »? Parce que sa fête est 5 jours avant la mienne? J'étais peut-être fermé à cette époque, mais je le suis encore autant aujourd'hui. Je trouve ridicule de se lier d'amitié avec quelqu'un pour des raisons du genre.

C'est vrai, pourquoi est-ce que les personnes avec qui je travaille vont devenir mes amis? Ce n'est pas parce qu'on travaille ensemble, ce n'est pas parce qu'on déteste le même patron ou même parfois parce qu'on a le même uniforme. Non, c'est simplement qu'ils risquent d'avoir les mêmes valeurs et intérêts que moi. Une fille du secondaire qui ne m'a jamais parlé a peut-être des points communs avec moi, mais je n'aime pas lancer me plonger dans toutes les possibilités au cas où une serait bonne. Je n'aime pas rencontrer de nouvelles personnes, car je sais que je ne m'entendrai pas avec la majorité. Il y a différents niveaux d'amitiés. Je peux simplement connaître quelqu'un de passage, je peux connaître quelques détails d'une personne ou je peux même partager l'histoire de ma vie avec une autre. Toutefois, j'en ai eu assez des relations secondaires il y a deux ans.

J'ai décidé de couper ces relations que je juge trop superficielles, trop mensongères. Je vois des collègues et amis qui ont une liste d'amis trop longue. Sur 200, ils parlent à 10. Si le #53 essaie de lui parler, mon collègue/ami va lui répondre gentiment, mais n'en aura pas nécessairement envie. Parfois, on fait mine de ne pas être devant son ordinateur, parfois on va même jusqu'à les bloquer. Remarquez, on ne supprime pas ces gens-là. On les garde, mais ils sont bloqués. Ça nous fait un admirateur. On ne désire pas lui parler, mais on se sent bien à l'idée que cette personne voudrait nous parler. Bref, ce que j'ai fait, c'est un grand ménage. J'ai décidé de couper là où je devais mentir. Je n'ai aucun avantage à entretenir une amitié à sens unique et ce peu importe de quel côté je suis. J'ai réalisé cela assez jeune. Je devais avoir 8 ans quand ma mère m'avait demandé pourquoi je n'appelais plus mon ami André. Je lui ai simplement dit que j'avais compris que même si André était mon meilleur ami, moi, je ne l'étais pas.

C'est peut-être triste de couper des relations comme ça. Je comprends que plusieurs vivent ainsi et voient le fait d'avoir différents types d'amitiés comme quelque chose de normal. Un peu comme quand vous magasinez, vous essayez de trouver des choses qui vous intéressent vraiment, mais vous allez quand même acheter quelques trucs plus ou moins utiles. Si vous êtes le vendeur, vous allez vers les clients qui ont le plus de potentiel de vente, mais vous essayez de ne pas négliger ceux qui ne vont rien acheter pour ne pas les vexer. Si par contre vous le voyez comme moi, les gens n'achèteraient que les choses qui les intéressent vraiment (même si elles ne sont pas divertissantes/attrayantes) et les vendeuses ne perdraient pas de temps avec les lèches-vitrines. Dans ma vie, j'évite ainsi les fausses excuses, les faux sourires et aussi les faux espoirs. La vie est simple. Je garde ce qui fonctionne et j'oublie le reste. Dit ainsi, on pourrait se dire que c'est magnifique. Ma vie va bien, pas de faussetés, pas de perte de temps. Malgré cela, je ne suis pas plus heureux aujourd'hui que je l'étais il y a deux ans.

Cette stratégie comporte de nombreux risques. Le manque de diversité cause de grands problèmes. On peut le voir un peu partout dans la nature. Si on détruit une espèce, il se peut très bien qu'une autre meure. La plupart des choses dépendent de nombreuses autres. Certaines peuvent s'adapter, mais pas toujours. On le réalise rapidement en agriculture. Une monoculture affaiblit le sol et risque de causer d'importantes maladies dans le produit. Pour cette raison, on est forcé d'alterner les cultures ou parfois de mettre différentes graines dans un champ. Si je ne fais pousser que de la laitue, rien ne chassera les insectes. Je fais pousser de la moutarde dans le champ à côté (je dis ça par exemple, fermiers ne m'écoutez pas) et ça attirera des insectes carnivores, mangeurs d'insectes à laitue. Si je désire avoir uniquement des amitiés que je dis « sincères », que peut-il arriver? D'un côté, si je m'en tiens à 5,6 personnes dans ma vie, il me reste peu de gens avec qui je peux aller faire de simples choses comme prendre un café, voir un film ou, pourquoi pas, jouer aux échecs. C'est comme si je ne pouvais manger que de la salade. De plus, qu'arrive-t-il lorsque je suis dans une autre ville pour un stage? Je passe 4 mois loin de toutes personnes que je connais, je n'ai personne à qui parler. Il se peut aussi qu'un de ces amis meure, cesse de me parler ou ne puisse plus le faire. Ma monoculture s'affaisse. De plus, comme je refuse d'aller voir de nouvelles personnes, par crainte d'être déçu ou simplement par lâcheté (appelez cela comme vous le voulez), je ne peux régénérer ma plantation. Je regarde le premier plant mourir, puis le deuxième, ...

Encore une fois, il s'agit d'ajuster le tir. J'ai l'impression que la plupart des gens qui ont 200 amis sur Facebook sont encore jeunes. J'avais moi-même une centaine de personnes sur MSN auparavant. J'ai tenté de changer cela, peut-être un peu trop durement. Quand on n'espère rien des gens, nous ne sommes pas déçus d'eux. Je ne peux pas non plus tout espérer d'eux. Si les gens devaient se fier sur moi, ils seraient amèrement déçus. Cette Catherine m'a fait réaliser que je ne voulais rien savoir des nouvelles amitiés. Pour l'instant, ça ne m'a pas causé trop de problèmes. Ça m'a même soulagé d'un poids. Par contre, si je regarde dans les prochaines années, il me semble impensable de continuer ainsi tout comme c'est impensable de vivre comme le font ceux qui ont trop d'amis. C'est dans notre nature. L'apprentissage, ce qui est acquis, se fait souvent par essai-erreur à la base. C'est notre côté animal. Mon côté bête. Comme j'ai déjà commencé là-dedans, il ne me reste qu'à suivre les étapes méthodologiques:

1. Essayer.
2. Réessayer.
3. Réessayer.
4. Réessayer.
...
∞. Se dire que notre résultat est suffisamment proche de celui attendu.


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4 avr. 2009

Ma deuxième chute

Le printemps est là. Mon vélo est prêt. Les sols commencent à être potables. Pourtant, après ma première sortie, je n'ai pas envie de reprendre mon guidon à pleines mains, de ressentir les coups du terrain dans mes bras et mes jambes et de me couvrir de boue. Certains diront que c'est normal, pour moi, ça ne l'est pas. J'ai déjà traversé cette phase où je reste chez moi le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Il n'y a rien de pire que de perdre ma seule et unique véritable passion.

J'ai perdu confiance en ma machine. Extérieurement, c'est la même. Le guidon n'est pas à moitié rouillé et prêt à fendre comme l'était celui de mon ancien vélo. Ma chaîne est neuve. Mon pédalier est de meilleure qualité et presque neuf. Le problème c'est ce qui se trouve en lui. Son comportement. Ma suspension arrière, je la vois comme un grand absorbeur d'énergie et un faible amortisseur pour les chocs. De plus, j'ai été forcé plusieurs fois de m'en occuper pour qu'elle arrête de faire du bruit. Ma suspension avant semble être complètement bloquée. J'ai une fourche solide, comme sur mon ancien vélo. Seulement, cette fois-ci, elle est plus lourde puisqu'elle est conçue pour bouger. Bref, j'ai l'impression que tout cela tombe en ruine. Tout ce qui devait normalement m'aider et me rendre la vie plus facile n'assume plus son rôle. Mes bras, mes jambes, mon dos, ils ne sont plus protégés des chocs. Le vélo non plus d'ailleurs. Pourtant, il essaie de faire son rôle, pathétiquement. Avec ses 2 suspensions défectueuses, il me nuit. La puissance dynamique que je lui donne ne crée qu'un mouvement de va et vient qui dissipe chaque joule d'énergie.

J'ai aussi perdu confiance en mon pédalier. Chaque coup de pédale me donne l'impression de frotter 2 planches de bois ensemble. Du frottement partout. À chaque cycle, seulement 20% de mon énergie se rend aux pédales. Le reste se perd en frottement, en chaleur. Ainsi, je suis incapable de pédaler à la 21e vitesse. Je me tiens autour du 2e plateau. De toute façon, je ne pourrais pas aller plus vite. Mes freins ne suffisent plus à ma demande. Ma roue arrière n'étant pas parfaitement ronde, je n'arrive pas à ajuster correctement mon frein arrière. Pour ceux qui ne font pas trop de vélo, freiner uniquement avec la roue avant cause un grand problème à grande vitesse. Non seulement la masse est transférée vers l'avant (on bascule), mais il suffit d'un seul obstacle pour que la roue se fige à l'intérieur et ne puisse en ressortir. Bref, ça va mal côté mécanique.

Est-ce que ça va si mal que ça en réalité? Serait-ce possible que ce ne soit pas la machine qu'il faut blâmer? À force de regarder les nouveaux vélos, je me suis dit que le mien faisait pitié. Je le dénigre. C'est un Minelli, rien à voir avec les DeVinci ou les Norco. Mon ancien Minelli avait plus de 10 ans et marchait encore très bien. Le problème vient peut-être plus de moi. Peut-être que lorsque je vois ces cyclistes dans la neige ou ceux qui ont une technique parfaite et un rythme soutenu, je les envie. Je désirerais changer de vélo et qui je suis.

Je suis essentiellement la même personne qu'auparavant. Si on regarde à l'extérieur, on ne voit presque pas de changement. Même expression faciale, mêmes cheveux, même posture. Pourtant, à l'intérieur, je rouille. Je suis loin d'être comme mon grand-père qui ne peut plus marcher et qui a de la difficulté à manger par lui-même avec sa maladie de Parkinson. À ce niveau, je réalise ma chance. Certaines personnes voudraient se tenir sur deux jambes, mais ne peuvent même pas. De mon côté, c'est cette envie qui me manque. Trop de choses me déçoivent pour me motiver à continuer. J'aime exceller. J'aime voir de l'amélioration chez moi. Pour ces raisons, je vois tout ce que je fais comme une progression. Le seul problème, c'est que, parfois, je progresse tellement lentement que j'ai l'impression de ne pas avancer. D'autres fois, l'écart est tellement loin entre mon objectif et moi qu'il me semble inatteignable. J'aurai beau critiquer mon vélo, ce n'est pas lui qui s'empêche d'aller dehors, c'est moi. Et si effectivement il a besoin d'entretien, c'est à moi de trouver les solutions. Je les connais, je manque seulement de motivation pour le réparer.

Aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de réparer un petit coffre à bijoux, plus précisément une petite ballerine qui ne tournait plus et qui ne faisait plus de musique. J'ai aussi arrangé une horloge, amélioré la réception d'une télévision et installé un siège de toilette en allant voir une amie. Pourtant, j'ai une ampoule brûlée au-dessus de ma tête depuis 3 semaines. J'ai un vélo qui m'attend collé sur un mur depuis presque le même temps. J'ai un rapport de projet de session que je n'arrive pas à ouvrir. J'ai ma vaisselle qui m'attend trop souvent. Si je ne fais pas les choses pour le bonheur de quelqu'un d'autre que moi, personne ne sera heureux. Je ne peux m'autosatisfaire.

Je fais des efforts pour penser le contraire. On m'a demandé lors d'une de mes nombreuses entrevues ce que je jugeais comme ma plus grande réalisation. Ma vie entière est une réalisation. Il n'y a pas un élément qui se distingue plus que les autres, chacun m'aide, un étage à la fois. Il se peut que certaines réalisations profitent énormément aux autres. Lorsqu'une personne est extrêmement heureuse d'un de mes actes, c'est logiquement une grande réalisation. Peut-être est-ce la réponse que j'aurais dû donner pour avoir le poste. Seulement, la seule chose que je vois pour l'instant qui puisse m'aider, c'est une bouillie de tout. La théorie du Big Bang stipule que tout était un nuage opaque bouillant durant environ 400 000 ans. Par la suite, c'est devenu une soupe avec des grumeaux, les galaxies et les étoiles. Aujourd'hui, des planètes émergent. On y voit clair. On peut y vivre. Si à 22 ans j'en suis à 400 000 ans équivalents pour l'univers, théoriquement (si on garde les mêmes ordres de grandeur), on pourrait calculer que j'aurai les idées claires aux environs de 753 500 années humaines (13.7 milliards d'années pour l'Univers). Ça me laisse encore du temps pour réparer mon vélo et me remettre de cette chute.


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2 avr. 2009

Ma traduction

Avant toutes choses, je vais essayer de tout mettre au clair. L'effet tunnel marche mieux sur les plus petits objets (les électrons par exemple). Certaines personnes essaieront de peser maintes et maintes fois sur leur mur avec un doigt en espérant qu'un jour, cedit doigt puisse traverser le mur. Du point de vue statistique, c'est possible, mais ça risque de prendre du temps. Un professeur au Cégep de Sherbrooke s'amusait à le faire depuis des années, sans succès. Si je dois reparler de cet effet tunnel aujourd'hui, c'est parce que certaines personnes pensent qu'un chat a une petite masse. Ils pensent aussi qu'en lui confiant une grande vitesse, il traversera le mur. J'ai reçu une plainte de la SPCA comme quoi j'incitais les gens à la cruauté animale avec cette photo comme preuve. Vous comprendrez ma tristesse et surtout ma stupéfaction. S'il vous plaît, si vous voulez faire des tests, lancer des graines de sésame, des sous noirs, mais déposez donc ce chat!

Plus sérieusement, ma journée comportait deux entrevues hier. La première en maintenance, domaine que j'avais exclu depuis l'expérience désagréable de mon dernier stage. Ici, 3 candidats. Si on oublie les forces et faiblesses de chacun, on peut s'amuser avec les statistiques et se faire croire qu'on a 33% de chance d'avoir un stage. Mes collègues/compétiteurs ont visiblement de moins bons résultats scolaires, mais j'ai l'impression qu'ils ont plus d'expérience que moi. En entrevue, on me demande pourquoi je retourne dans le carton. Très franchement, je n'ai pas appliqué sur ce poste et je ne l'aurais pas fait si j'avais eu le choix. Le service de stages de l'Université applique pour nous rendu à cette étape, sans nous demander ce qu'on en pense. Oui, on se fait tenir par la main dans le processus d'obtention de stage. Et croyez-moi, la main qui nous tient est celle d'un homme de 100 kg tout en muscle. Elle ne nous lâchera pas tant et aussi longtemps que nous ne serons pas placés. Bref, je suis là à chercher une raison motivant mon "choix". Les pâtes et papiers forment une grande partie de l'économie du Québec. Ça fait un peu partie de notre monde. De plus, il y a de beaux enjeux économiques et écologiques. Me voilà sorti, n'empêche que ça reste du foutu papier. Difficile d'innover sur un tel produit et je m'intéresse cent fois plus aux produits qu'aux procédés. Le gros avantage d'aller là-bas? Pas besoin de déménager, l'entreprise est réellement verte et, surtout, j'aurais un stage bien payé plutôt qu'un emploi temps partiel au Provigo.

Deuxième entrevue. Ici, 4 personnes retenues. Je me déplace dans un petit village nommé St-Léonard d'Aston. Ici, pas de machines bruyantes, pas d'odeurs dues à la fabrication de papier. On travaille dans un petit bureau bien tranquille avec des voisins qui écoutent Cité Rock Détente à longueur de journée. Bref, un endroit bien paisible. Le hic? C'est dans un endroit abandonné. Je suis né dans la campagne, j'aime la nature, seulement, je sais qu'il est difficile de trouver un logement dans ces circonstances. De plus, le village est encore plus laid que Bedford qui est un village composé d'anglophones et d'assistés sociaux. Je sais aussi que sans voiture, il y aura peu de choses à ma portée. Un dépanneur, un bar miteux et des champs. Ah oui, il y a aussi le fameux Madrid où l'on peut entendre Normand L'Amour, mais je ne peux m'y rendre sans voiture. L'autre hic, c'est que ce stage se résume en un mot: « Traduction ». Oubliez les mathématiques, le dessin technique, l'innovation, la qualité, la productivité. Ici, on ne cherche qu'à traduire. 15 semaines devant un ordinateur avec un dictionnaire à mes côtés. Voilà à qui se résumerait mon travail. C'est un défi, certes, mais pas le genre que je recherche normalement.

À un moment donné, je me suis même demandé si ce n'était pas un poisson d'avril. On m'offre un stage de traduction et, en entrevue, on me demande même de traduire 2 pages de français vers l'anglais et une page de l'anglais vers le français. Peut-être est-ce un test pour voir notre réaction face à tout cela. Peut-être que finalement le stage ne demandera que de faire des essais sur route d'une Ferrari... non, c'est réel. Bref, après avoir passé la plus mauvaise entrevue de ma vie, avec la pire offre d'emploi à vie, je ne demande qu'à m'en aller. De retour dans la voiture avec les 3 autres « postulants », tout le monde se croise les doigts pour ne pas être retenu. Un cellulaire sonne, ce n'est pas moi. Je n'ai pas de stage, mais au moins j'ai encore la possibilité de faire quelque chose de pertinent. C'est dans l'attente que l'on peut penser à ce que l'on veut vraiment.

Je ne sais pas ce qui m'attend. Je ne suis pas certain de vouloir le découvrir non plus. Quand je regarde autour de moi, je suis souvent déçu. Je regarde mon passé, même histoire. Je marche la tête basse. Je regarde à quel endroit mes pieds vont heurter le sol, sans prévoir aucun coup. On parle de la spontanéité comme étant une bonne chose, mais on en dit autant des gens proactifs. La nostalgie devient même quelque chose qui a du bon. Si le passé, le présent et l'avenir portent tous en un de bonnes choses, dites que la vie en général se porte bien. En grec, on divise le temps en 4 temps primaires et 3 temps secondaires. Le quatrième temps primaire est une action qui précède une action future, le futur-parfait. On parle du passé de l'avenir. Une sorte d'avenir de transition. En vivant chaque pas, je ne peux voir l'avenir, imaginez essayer d'estimer l'avenir de transition qui me mènera à un avenir certain. C'est comme si je disais qu'avant d'avoir mon baccalauréat, j'aurais fait tel projet ou tel stage. Comme vous voyez, il est difficile pour moi de déterminer quoi que ce soit. C'est pourquoi j'aime mieux ne pas y penser pour l'instant.


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