26 févr. 2009

Ma ligne d'avance

Plusieurs pensent que je suis intelligent. J'ai réalisé aujourd'hui qu'en fait, il ne s'agit pas d'intelligence, mais de confiance en soi. Je manque peut-être de confiance dans plusieurs domaines, mais lorsqu'il est question d'écrire ou d'analyser, je n'hésite pas. Je ne fais pas toutes mes démarches, demandez à mes anciens professeurs. Je saute des étapes, car je prévois mon calcul. En français, je pense à la phrase qui suivra et non celle que je tape. On me reproche de ne pas donner d'explications, de ne pas défendre suffisamment mon point de vue. C'est vrai, je sais que j'ai raison ou du moins que je m'approche suffisamment de la vérité pour satisfaire aux besoins de la situation. Ai-je besoin d'aller plus loin? Malheureusement, si je dois me justifier, plutôt que de m'obstiner à faire valoir mon point de vue, je vais donner raison à l'autre personne. C'est très dangereux. Que j'aie raison ou tort, il y a des risques énormes quant à ma capacité à faire valoir mon opinion. De plus, si j'avais raison, nous aurons marché dans une mauvaise voie et subirions les conséquences de cet acte. D'un autre côté, si j'ai tort, je n'aurai pas réussi à faire ce débat qui me permettrait normalement de changer mes idées préconçues. Voilà pourquoi ne pas défendre mes idées me cause souvent problème.

On me parle souvent des avantages des discussions, elles permettent un meilleur enrichissement des idées, de faire des ententes et surtout de respecter tout le monde. Dans un monde idéal, ce serait vrai. Il serait bon de discuter avec quelqu'un qui est prêt à s'ouvrir et que nous en fassions tout autant. Pourtant, j'ai l'impression que 95% de conversations sont inutiles. Aujourd'hui, par exemple, on me demande si je connais les dentistes à Sherbrooke, si je peux en référer un. Bon, j'ai vu 4 dentistes différents dans cette ville et ils ont chacun leur méthode, je l'expose et tente d'expliquer ce qui, selon moi, conviendrait le mieux à mon auditeur. Finalement, après 5 minutes d'exemples et d'interprétations, il me dit que la prochaine fois qu'il choisira, il viendra me demander conseil. Son rendez-vous était cet après-midi. Pourquoi me demander alors si j'en connaissais d'autres? Il avait déjà son rendez-vous!

La plupart des conversations du genre sont très très superficielles. Combine de fois ai-je parlé pendant 2h à une fille dans l'autobus entre Montréal et Québec pour ne plus jamais la revoir? Combien de temps est perdu chaque jour à cause de gens qui disent qu'il va pleuvoir ou que, ah, c'est une belle journée? Un exemple frappant est l'école. Si un professeur répète 10 fois le même principe, c'est pour le 10% de la classe qui n'a pas compris du premier coup. Remarquez qu'à l'université, j'ai l'impression que le problème vient surtout du fait que les professeurs ne savent pas comment faire une phrase qui tient et vont se réfugier derrière les mathématiques. Résultat, c'est toute la classe qui n'a pas compris son point de vue. Pourquoi avons-nous encore toutes ces conversations? Pourquoi demandons-nous aux gens « Comment vas-tu? » si on sait pertinemment qu'ils vont nous répondre simplement qu'ils vont bien, car ils savent que les autres ne veulent pas les aider vraiment? Ça n'est qu'une question de courtoisie.

Je me rappelle d'une ancienne collègue, près de la retraite. Si on lui demandait comment elle allait, elle nous répondait la vérité. Elle nous expliquait ses conflits et manifestait ses joies. J'appréciais cela, sans doute à cause de la rareté de ce geste, mais aussi parce que je voyais qu'elle avait cette envie de répondre correctement à une question et non superficiellement comme le font les autres. Les gens trouvaient ça agaçant. Ils me disaient: « Ben voyons donc, je lui ai juste demandé comment elle allait et elle m'a parlé de sa vie pendant 2 minutes. » Deux minutes. C'est trop demandé pour une femme qui a travaillé pendant 30 ans et qui s'occupe seule de sa mère depuis toujours?

Le plus frustrant selon moi, c'est lorsqu'une personne nous demande comment nous allons et que, superficiellement bien entendu, nous lui répondons que tout va bien, mais qu'aussi tôt qu'on essaie de relancer la question, cette personne est déjà partie. Pourquoi poser la question si c'est pour écouter à moitié? Pour se donner bonne conscience? Bravo. Voilà un geste qui montre un manque de respect, rien de plus. Si vous voulez vous sentir impliqué, donnez 5$ à un organisme de charité, c'est déductible et vous fournirez autant d'effort.

Pour en revenir à mon idée des débats, lorsqu'une chose me tient vraiment à coeur, deux solutions s'offrent alors à moi, débattre ou être borné. Je vais tenter de débattre un moment. Si la réaction est bonne et enrichissante, je continuerai. Autrement, je crois qu'après 20 ans nous sommes assez vieux pour nous permettre d'être bornés. Ça pourrait être amusant de voir si les gens sont aussi ouverts aux débats qu'ils le prétendent.


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