24 févr. 2009

Ma mi-session

On m'a toujours dit au secondaire : « Tu vas voir, au cégep, ce sera beaucoup plus difficile, tu devras travailler des soirées entières! »

Au cégep, même histoire : « À l'université, tu peux passer une semaine complète sur un texte, en dormant 4h seulement! »

C'est drôle, mais je me suis toujours dit que les personnes qui devaient continuellement étudier étaient soit des personnes qui n'avaient pas choisi le domaine le plus approprié, soit des accros des notes. J'ai de bons résultats. Encore à l'université, je me classe très souvent dans le meilleur quart de la classe. Pourtant, je ne fournis pas beaucoup plus d'effort. qu'auparavant Si je travaille sur un projet, c'est par plaisir, c'est que je crois que ce serait bon pour moi de me développer dans ce domaine. Heureusement pour moi, plusieurs matières m'intéressent. Les autres, je me débrouille sans trop faire d'effort. Aujourd'hui, j'avais un examen en résistance des matériaux (par exemple, la grosseur de poutre nécessaire pour lever une charge de X kilos). C'est drôle, depuis 1 semaine j'entends les gens critiquer l'enfer de cet examen. Aujourd'hui, je suis persuadé que plus de la moitié de la classe a dormi moins de 6h.

Je remarque une énorme incertitude des gens lorsqu'il est question de mathématiques. Si je dois étudier une poutre, je vais regarder son comportement général, prévoir ses réactions, chercher les relations qui peuvent entrer en compte et finalement ajouter des chiffres et des variables. Si j'étudie avec une autre personne, elle me posera plutôt des questions du genre comment passer de l'équation A à l'équation B. Ils vont regarder tous les calculs, un à un et tenter de trouver les fautes, essayer de corriger leurs erreurs.

Pour ceux qui ne veulent rien savoir des maths, sachez qu'en français, je vois la même chose. Je vois des gens qui vont écrire un texte au complet et essayant de limiter les fautes. Ils vont passer plus de temps à le réviser qu'à l'écrire. Les choses changent par contre. Aujourd'hui, il existe des logiciels de correction comme Antidote. Les gens vont s'abreuver de toutes les suggestions de correction que le logiciel offre, cela peut permettre d'avoir plus de temps à la rédaction pourrait-on croire. J'ai l'impression que ces logiciels vont surtout faire en sorte que les gens vont douter d'eux. Oui, ça corrige des erreurs, mais sans nécessairement comprendre votre texte comme un lecteur le ferait. Il ne vous connaît pas, il ne comprend pas l'histoire de votre petit chien. Et surtout, ce n'est pas lui qui écrira une bonne histoire, il ne fera que la corriger.

Les mathématiques causent le même problème. Vous ne pouvez pas vérifier continuellement les démarches mathématiques dans un examen ou même dans vos études. Si vous faites des fautes, ce n'est pas ce qui dérange le plus. Le plus dérangeant est d'avoir une démarche mathématique parfaite, mais partir de mauvaises bases. Si je pousse vers le bas, la poutre ira vers le bas, peu importe ce que vos démarches mathématiques diront. Quand vous écrirez l'histoire de votre petit chien, essayez de penser à ce qui est triste ou ce qui est joyeux. C'est ce qui le plus important, c'est la seule chose qui nous rende humain encore. On peut élaborer des logiciels d'analyse mathématique ou de français d'une qualité à faire rougir une grande partie de la population, mais c'est le message de la personne qui vous touchera. Pour ceux qui aiment les analogies, pensez aussi à un premier rendez-vous. Qu'est-ce qui est le mieux? S'assurer que chaque élément soit bien coordonné ou simplement prendre plaisir à cette rencontre et laisser l'intuition faire son travail? On a parfois tellement peur de l'échec qu'on oublie de faire ce qui nous fait VRAIMENT plaisir.

J'ai cette chance, j'arrive à avoir très peu d'erreurs en français et en mathématiques du premier coup. C'est instinctif. Je regarde un texte et j'y vois les erreurs. Dans mes calculs, c'est un peu différent. Je n'en fais toujours pas à l'écrit, mais je n'y arrive pas à déchiffrer les calculs d'une autre personne rapidement. Résultat : Lorsque je vois un corrigé, je regarde la première ligne, avec l'équation de base. Le reste, ce n'est rien d'autre que du développement. Donnez-moi une histoire et je me chargerai de la mettre en mots pour en faire un livre. À ce niveau, je n'ai pas peur.

Du côté humain par contre, je suis loin de l'exemple que je donne. Je suis prêt à sacrifier mon point de vue, ma joie, mon énergie uniquement par crainte de déplaire à l'autre personne. C'est ce que j'ai réalisé aujourd'hui. Je ne le vois pas comme un sacrifice, je me dit que c'est normal de vouloir plaire aux autres, surtout ceux qu'on aime. Le seul problème avec cette habitude c'est qu'elle me tue doucement. Quand je n'ai plus personne à qui faire plaisir, je me retrouve sans ma drogue. J'ignore ce que je peux faire pour me rendre heureux. Ma seule méthode était de rendre une autre personne heureuse et non pas de me faire plaisir à moi. Je cherche, je cherche. Qu'est-ce qui me ferait plaisir? Rien. Rien depuis des années ne me vient en tête. Tout me semble passager, superficiel. Bien sûr, il y a le vélo, les découvertes et marcher. Après réflexion, je réalise que ce n'est qu'en prenant confiance en moi que j'arrive à avoir du plaisir. Bon, voici ma première source de plaisir, ma fierté. Il va falloir trouver les autres. Après tout, si je viens à me pavaner comme un coq, ça n'est peut-être pas la meilleure approche sociale qui soit.

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