Lorsque je commence à marcher, je me rends compte qu'il n'y a pas de trottoir. Plusieurs autobus passent par cet endroit, il y a même un cinéma juste à côté de moi, mais malgré tout, on a construit cet endroit en se disant que les gens viendraient en voiture. Qu'à cela ne tienne, je continue ma route. Je croise une autoroute. Heureusement pour moi, ils ont pensé à commencer le trottoir à partir du viaduc, déjà je me sens un peu plus en sécurité. Quelques petites choses étranges surviennent. Au moment exact où je passe devant la base d'un lampadaire, celui-ci s'éteint. Certains me diront que ça arrive fréquemment, je suis d'accord, ça doit m'arriver en moyenne 4 fois par année, mais c'était la première fois où les choses étaient aussi synchronisées. Je me sens un peu seul tout à coup...
Après quelques minutes, j'essaie de réfléchir au fonctionnement de mon corps. Certaines personnes restent froides quand il fait froid. Leurs mains sont glaciales et on dirait qu'elles veulent garder toute la chaleur pour eux. De mon côté, c'est l'inverse. Mon corps devient une véritable fournaise en dessous de zéro. Je me demande pourquoi. Certes, on transpire afin de rafraîchir notre peau quand il fait trop chaud, mais malgré mes cours de biologie et de thermodynamique, je ne comprends pas pourquoi mon corps s'amuse à évacuer sa chaleur ainsi alors que c'est l'inverse chez d'autres personnes. Peut-être ne veut-il simplement pas se battre contre ce froid et qu'il veut se vider complètement de son énergie vitale me dis-je au départ. Mon coeur veut-il cesser de battre simplement parce qu'il est triste de ne plus pouvoir battre pour qui que ce soit? Il y a toujours moi! Je refuse que ma chaleur et mon coeur ne servent qu'à autrui. Malgré tout je me sens refroidir lentement.
À environ 200m de chez moi, je me retourne et aperçois finalement l'autobus qui arrive. Qu'à cela ne tienne, je n'ai peut-être pas de gants ou de tuque, mais cette marche m'a permis de réfléchir et m'a motivé à continuer. Je réalise que ma vie est une très longue marche. Hier, je marchais aux côtés d'une personne, mais je n'arrivais pas à être heureux. Aujourd'hui je suis seul. Suis-je plus heureux? Je ne sais pas encore, mais je n'ai pas l'impression de me mentir. C'est parfois étrange de sentir la sincérité des gens alors qu'on ne croit plus à la nôtre.
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