14 févr. 2009

Mon journal

Les souvenirs sont à la fois troublants et merveilleux. Je ne veux pas dire qu'ils sont soit merveilleux, soit troublants, mais bien les deux en même temps. Je m'explique. La plupart des gens se souviennent de leur premier amour, c'est généralement une pensée agréable et certains d'entre nous vont même avoir un sentiment de nostalgie à ce moment. Tout était simple, nous avions peu de responsabilités et nous avions une passion hors du commun. Ce genre de pensée nostalgique nous amène à rêver ou à espérer, elles nous permettent de mieux dormir et de mieux vivre. C'est toutefois troublant si l'on pense que nous sommes obligés de regarder en arrière pour être heureuses. Certaines personnes réussissent à regarder de l'avant ou même se regarder eux-mêmes pour être heureux. Je les félicite, mais ce n'est pas mon cas.


Je suis plutôt du genre à regarder en arrière. Non pas que je sois quelqu'un de nostalgique qui pense que tout était mieux à l'époque ou même les tables étaient faites en acier, mais plutôt du genre à aimer l'histoire des sociétés, des gens et ma propre histoire. (Le graphique est de l'ingénieur Michael F. Ashby. Il montre l'importance relative des matériaux selon l'époque et on peut y voir la domination des métaux dans les années 50). Pour cela, je crois, comme un bon ingénieur devrait le faire, que nos souvenirs doivent être tous conservés. Les bons comme les mauvais.


On voit facilement l'avantage de garder nos moments précieux en tête puisqu'ils nous rendent heureux. Pour cela, rien de plus simple. Ce qui embête davantage les gens c'est quand je leur dis de se rappeler d'un événement aussi néfaste soit-il. Les gens croient qu'en disant cela, je veux leur dire de continuer de pleurer leurs proches qui sont décédés ou même de s'apitoyer sur leur sort. Il n'en est rien.
Je pense plutôt qu'en regardant en arrière, on peut se rendre compte de nos erreurs ainsi que les erreurs des autres, un peu comme un registre qu'un employeur fait à la CSST. S'il s'agit d'une erreur, on apprendra ainsi à éviter qu'elle se reproduise. Si c'est un accident, on prendra des mesures pour l'éviter et s'il n'y en a pas, nous saurons à tout le moins comment réagir.

J'ai dit lors de mon dernier billet que ma relation s'est terminée récemment. Ce serait stupide pour moi de me lier avec quelqu'un d'autre avec une approche nostalgique. Je serais très rapidement déçu si je devais espérer qu'une personne soit comme une autre. Est-ce que je peux tout effacer et partir de zéro? Oui, mais je risque de commettre les mêmes erreurs et de la blesser autant. C'est pourquoi je continue de regarder en arrière de moi, non pas pour me plaindre, mais pour être plus fort.



Bernard de Chartres (repris par plusieurs) a dit :
« Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque. »

(La photo est un mélange des Brownies {des personnages du film Willow} et d'une oeuvre de Ron Mueck)


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