16 févr. 2009

Mon baume

Plusieurs options s'offrent à nous lorsqu'on a une blessure. Voilà plusieurs siècles que la médecine essaie de réduire la douleur de façon naturelle ou chimique. En cas de peine d'amour, nous avons su nous trouver d'autres baumes. Que suggéreriez-vous à un ami qui vient de perdre sa relation? Voici quelques suggestions obtenues: Sortir et rencontrer des gens, aller magasiner, en discuter avec des amis, s'acheter un chat pour remplacer les 2 de son ex, s'abonner à un bon site porno (je suis en génie, donc les suggestions sont assez spéciales parfois...).


Bref, il existe plusieurs remèdes pour masquer tous les types de blessures. Certains vont me trouver bizarre, mais de mon côté, je ne crois pas que le lypsyl soit une bonne invention. Je réponds souvent que si j'applique du baume sur mes lèvres sèches, je vais créer une dépendance et je devrai mettre du lypsyl toute ma vie. Un dermatologue vous dirait que j'ai tort et il aurait parfaitement raison. J'utilise cette excuse simplement parce que c'est la plus simple et que j'aime bien m'obstiner.


La vérité, c'est que ma théorie n'est vraie que si l'on considère les 2 hypothèses suivantes:
1. Le baume n'accélère pas la guérison, il ne fait que soulager la douleur et améliorer l'apparence.
2. La raison qui cause les lèvres sèches est que la personne se lèche les lèvres constamment.

Avec la première hypothèse, on définit le baume avec un seul de ces sens (en vérité, il signifie plus), c'est-à-dire:
« Baume: n.m., préparation pour usage externe qui calme la douleur ou cicatrise. »
Ainsi, le baume ne guérit pas, il ne fait qu'aider à supporter et masquer la douleur.
Avec la deuxième hypothèse, on peut dire que le problème n'est pas circonstanciel (ex.: une période froide et sèche de l'hiver), mais plutôt le résultat d'une intervention humaine (ici, une mauvaise habitude).
En combinant le tout, on peut donc dire qu'une personne qui se lèche les lèvres ne va pas s'aider en mettant du baume puisqu'elle va, au contraire, elle pourra continuer persuadée qu'elle a un outil pour l'aider. Le tic ne fait qu'empirer et la personne devient dépendante de l'outil.

L'analogie est longue (et peut sembler douteuse pour certains), mais vous comprendrez ce qu'elle signifie. Ces conseils servent à quoi finalement? À cacher sa peine? Tant qu'à y être, je pourrais faire un étudiant de génie de moi et me saouler plus que mon corps ne peut le supporter! Désolé, mais je reste fidèle à mon idée de base. La vie est une longue marche. Si on tombe, on se relève et on continue. Je ne vais pas m'arrêter en plein milieu du chemin et regarder autour de moi en attendant d'être prêt à repartir ou pire encore, décider de changer de voie. Oui, il faut se soigner, il ne faut pas laisser une plaie ouverte et l'ignorer, mais il ne faut pas non plus penser que tout se fait dans la douceur.

J'ai vu ma nièce hier pour sa fête. Elle va avoir 2 ans. Elle a eu son premier vélo à vie, un joli petit tricycle Louis Garneau (le même que l'image). Il est en acier! C'est étonnement rendu difficile de trouver des vélos de qualité pour les enfants aujourd'hui. Pour revenir au sujet, 2 ans c'est tôt pour faire du vélo, mais en une seule soirée, elle a fait plus d'effort pour réussir à pédaler que je n'en ai fait encore pour être heureux malgré les événements récents et antérieurs. Elle n'a pas demandé d'aide. Elle n'a pas voulu non plus commencer sur le tapis. Elle voulait le faire sur le plancher. Tant pis si elle se fait mal ou si elle n'arrive pas à pédaler, elle essaiera. (Je tiens à préciser que c'est vraiment sa volonté avant que quelqu'un ne dise à la CPJ que ma soeur force sa fille à pédaler.) Après quelques chutes, elle est devenue meilleure et elle y est finalement arrivée (plus ou moins, mais l'intention y était).

En revenant j'ai demandé à mon père comment ça avait été mon histoire avec les vélos quand j'étais jeune. Il m'a raconté que mon grand frère a gardé ses petites roues (communément appelées "Training wheels") pendant plusieurs années. Ma grande soeur, elle, évoluait un peu plus rapidement. Mon père montait graduellement les petites roues afin de donner un support en cas de danger tout en apprenant à l'enfant à garder l'équilibre. Au fur et à mesure, on ne se sert des petites roues que si le vélo penche de plus de 5°, 10°, etc. Éventuellement, il enleva une roue puis l'autre. Un peu comme ma nièce, je n'avais pas envie de ce filet de sureté et d'un apprentissage plus long qui me rendrait moins autonome. Lorsque mon père enleva la première roue à ma grande soeur, je suis allé le voir au garage et je lui ai demandé de m'enlever les 2 roues aussitôt, malgré mon âge et mon inexpérience. Je ne suis pas tombé davantage qu'un autre enfant, j'ai simplement eu confiance en moi plus rapidement.

Aujourd'hui, en tant qu'adulte, j'espère seulement pouvoir garder cette attitude et à me faire confiance pour être plus fonceur. Maintenant, je connais les dangers, je connais mes limites; je dois seulement apprendre à les gérer et éventuellement à les repousser. Je ne prendrai pas de baume pour m'aider, désolé, ce n'est pas dans ma nature. Parfois, une tape dans le dos, c'est significatif.