8 mai 2009

Mon non-verbal 2

J'ai beaucoup parlé de réception, mais qu'en est-il de la projection? Si le verbal ne représente qu'une mince partie de l'information, il est extrêmement difficile de bien s'exprimer sur un blogue, sur MSN ou par courriel. Est-ce la raison pour laquelle mes billets et mes courriels sont toujours aussi longs? Parce que j'ai envie d'être clairement compris? Fort probablement. Un courriel laisse une trace, une preuve. Toute erreur doit être justifiée avec de solides arguments. Lors d'une conversation, un malentendu est facilement réglable. Il suffit de dire que ce n'était pas ce qu'on voulait dire. Parfois, on peut se reprendre avec un petit sarcasme. Certaines personnes vont vous citer mot pour mot ce qu'elles ont dit dans le passé, ou du moins ce qu'elles sont convaincues d'avoir dit. Cette méthode est vicieuse, elle sème le doute de soi-même et confère une grande puissance à l'orateur puisqu'il semble confiant, réfléchi et sensé. Bref, on peut s'en sortir ou revenir en arrière, car il n'y a pas de preuves. Pour cette raison, certaines personnes n'apprécient pas les courriels, je prends pour exemple les professeurs (eh oui, encore). Je ne connais pas un professeur qui a privilégié le courriel aux rencontres individuelles ou téléphoniques. Ainsi, on évite toute confusion, pas besoin de peser chaque mot ou de vérifier les principes. Certaines personnes ont encore plus peur que moi d'être mal comprises dans un courriel et vont passer près d'une heure pour répondre à un étudiant. Au téléphone, ça aurait été l'affaire de 5 minutes.

Ce qui fait que j'aime tant le verbal c'est que c'est sans doute le moyen de s'exprimer le plus réfléchi. Non seulement il laisse sa marque, mais en plus il permet le plus grand contrôle. Il est plus facile de mentir avec ses mots qu'avec ses yeux. Ce n'est pas l'exemple le plus glorieux, mais quand je pense que ça reflètera bien la suite de mon idée. Quand nous sommes jeunes, on contrôle mal toute communication. Il nous est impossible de mentir correctement à nos parents. Notre ton et notre regard qui se détache sont très traîtres. On lance alors de grands "Noooooonnnn". Ce n'est que plus tard qu'on prend un ton plus convaincu, quand on apprend que le fait d'avoir confiance en ses arguments aide fortement à mentir. Ensuite, si vous voulez devenir un expert en mensonge, on vous apprendra à contrôler vos mouvements. On vous dira de ne pas vous toucher le visage, de ne pas mettre les mains dans les poches, ne pas vous dandiner. Bref, on vous dira comment faire croire à 7 millions de personnes que l'idée de vous prendre pour un autre 4 ans permettra au Québec d'être la seule région du monde qui ne subira pas les effets de la récession.

En gros, on le comprendra, j'aime le verbal, car c'est le seul aspect que je contrôle bien. Et encore, je ne le contrôle qu'à l'écrit; à l'oral, c'est encore plutôt risqué. Retard, manque de pratique, manque de confiance? J'ignore la cause de cela. C'est probablement un mélange des trois. Ce que je sais c'est que si mon oral va si mal, c'est dû à ce manque en paraverbal et en non verbal. Les entrevues sont un bel exemple. Généralement, ça va très bien au téléphone, je suis mieux coté qu'en personne. Peut-être que mon dégoût de cette surproduction et de cette idée de prospérité et d'abondance se fait sentir? Remarquez, si j'avais eu une entrevue chez Imperial Tobacco, ça aurait été pire...

Mais comment puis-je contrôler mon non verbal si ce n'est pour mentir? J'ai toujours pensé que la grande force du non verbal était son authenticité. C'est le côté enfant, ce sont nos sentiments réels. Dans un sens, j'ai envie de pouvoir contrôler cet aspect, j'ai envie de pouvoir montrer à la personne que j'aime que c'est vrai, j'ai envie de montrer que, oui, j'ai envie de faire telle activité, que je suis heureux de voir une amie. Parfois, ça marche, pas toujours. Est-ce que ça veut dire que même si je me convaincs d'être enthousiaste, ça n'est pas le cas? J'ai eu, permettez-moi l'expression, la "chance" de vivre plusieurs mois avec quelqu'un sans énergie, sans ressources et donc sans masque. Le cancer occasionne certainement plus de douleurs et de peine qu'une personne ne devrait subir durant toute une vie, mais il permet aussi de se mettre à nu. Il y a énormément à dire là-dessus, mais ce n'est pas mon but aujourd'hui. Je n'ai jamais cru davantage à la sincérité d'une personne qu'à ce moment. Pour moi, contrôler son non verbal est un atout majeur pour communiquer, mais c'est aussi contre-nature. Comme je l'ai spécifié, le non verbal est un amas de messages importants qu'on peut décoder. Si l'on traite ce signal avant de l'envoyer il perd toute sa valeur.

Notre langue, nos mots et notre ton font de nous des êtres humains qui peuvent penser, analyser, discuter. Mon non verbal restera brut. Je n'ai pas envie de mentir par mon corps, ma voix peut très bien le faire. Ce qui pourrait être intéressant, c'est de contrôler le débit d'informations. J'ai longtemps appris à limiter celui-ci. C'est pratique dans certains cas, mais on désire parfois montrer nos véritables sentiments. La neutralité n'a pas que des avantages, on s'en doutera; le sur-enthousiasme non plus. Vais-je vraiment m'empêcher de me gratter le nez? J'aime rester moi-même. Seulement, j'ai peur d'être trop moi-même. J'ai aussi peur de n'être rien. Il serait temps de savoir ce que je veux...


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